Amérique Interdite

Le rêve américain ?

Ou le cauchemar du monde !

Le blog Résistance71 a traduit et publié la dernière analyse d’une très grande profondeur de Steven Newcomb sur l’assassinat de Berta Cáceres, leader du Honduras, dont voici l’url de l’article original en anglais : http://indiancountrytodaymedianetwork.com/2016/03/15/domination-code-killed-berta-caceres

Le but ici, est de faire tomber l’Empire, celui qui commémore le Colombus Day tout de même.

Celui qui ne comprend pas que le code a changé

Celui qui navigue en Terres Amères Indiennes

Celui qui sème la mort et le chaos depuis la nuit des temps…

Celui qui nous oblige à trouver un souffle nouveau

Et puisque nous sommes tous colonisés, d’ nous sommes, interconnectons-nous pour établir la société des sociétés.

Résistance au colonialisme : le code de domination en las Ame (amour) Ricas (richesses) tue…

https://resistance71.wordpress.com/2016/03/19/resistance-au-colonialisme-le-code-de-domination-en-las-ame-amour-ricas-richesses-tue/

Le code de domination a tué Berta Cáceres

Steven Newcomb  – 15 Mars 2016

L’assassinat le 3 Mars dernier de l’activiste indigène Berta Cáceres au Honduras nous a rappelé le livre de John Brodley “Victims of Progress” (1982) où il écrivit: “Il est généralement reconnu que les peuples tribaux sont dramatiquement affectés par la civilisation et que leurs schémas culturels et, dans bien des cas, les peuples eux-mêmes, disparaissent à mesure que la civilisation avance” (p.1) Bien que je ne préfère pas le mot “tribal” parce qu’il suggère que les nations originelles d’un endroit sont “primitives et barbares”, Brodley a mis le doigt sur quelque chose de critiquement important exemplifié par l’assassinat de Mme Cáceres. La forme de domination qui a été euphémistiquement appelée “civilisation” a eu et continue d’avoir d’horribles effets sur nos peuples et nations originels partout sur ce continent appelé typiquement continent “des Amériques”.

Le phénomène identifié par Brodley devient très clair lorsque nous réalisons que la “civilisation” est “le passage en force d’un schéma culturel particulier sur une population qui lui est étrangère.” En d’autres termes, la “civilisation” n’est qu’un mot de maquillage pour le mot “domination”. Qu’est-ce qui a causé la disparition de tant de nos langues et de nos cultures et qui a résulté en la disparition de tant de nos nations originelles et de leurs peuples eux-mêmes ? La domination et la déshumanisation qui en résulte est la réponse.

L’assassinat de Berta Cáceres et de quelques 110 activistes environnementaux au Honduras est une preuve graphique du système de domination-déshumanisation. Elle fut une leader activiste autochtone sans peur de la nation Lenca. Mère de quatre enfants, porte-parole de notre Terre-Mère et de nos écosystèmes vitaux. Elle osa se lever contre des forces et intérêts économiques et politiques très puissantes en s’opposant à un projet de centrale hydroélectrique. Le slogan des intérêts auxquels elle s’opposa semble être: “étendre son territoire et les accès aux ressources naturelles vitales par tous les moyens nécessaires et peu importe qui ou ce que vous avez à détruire dans ce processus.” Beaucoup de ces intérêts opérant au Honduras proviennent des secteurs d’élite des États-Unis (NdT: et du Canada). Berta a payé de sa vie d’avoir eu le courage d’exprimer son opposition à cet agenda élitiste de la richesse et du pouvoir aux dépends de peuples bien distincts et des écosystèmes si fragiles.

Le 4 mars 2016, un article dans le quotidien britannique du Guardian: “Hypocrisy surrounds the murder of Berta Cáceres in Honduras,” Bert Schouwenburg rapporta un phénomène appelé “femmicide” (le meurtre de masse de femmes). Il écrit: “En 2014, 513 femmes furent assassinées et en 2015 il a été estimé qu’une femme était assassinée toutes les 16 heures…” Parlons de domination et de déshumanisation. Où sont les cris d’orfraies du ministère des affaires étrangères US sur ces évènements ? Le 10 mars 2016, un article de Greg Grandin dans le journal The Nation, met en évidence que Berta Cáceres avait critiqué ouvertement Hillary Clinton et son soutien à un coup d’état au Honduras en 2009, et ce 5 jours avant son assassinat. Clinton était alors ministre des AE des États-Unis. Ce coup retira du pouvoir le président réformiste Manuel Zalaya. Le ministère de Clinton qualifie simplement de “non-sens” tout effort de suggérer que la politique du ministère d’Hillary Clinton créa le contexte pour l’assassinat de Mme Cáceres.

Le grand nombre de meurtres et autres actes de traumatisme induisant la répression au Honduras sont clairement la façon adoptée par les soi-disantes Zones de Libre-Entreprise (ZLE), financées par des institutions telle que la Banque Mondiale. Derrière tout ceci réside des intérêts très puissants qui demandent que leur droit d’auto-détermination impérialiste leur soit permis pour passer au rouleau compresseur les peuples sans retenue, comme les chars de Tienanmen en 1989. (NdT: mauvais exemple, Newcomb ferait bien d’analyser et de rechercher les évènements de Tienanmen en 1989…)

Les assassins de Berta, en tant qu’agents d’intérêts toujours plus veules et gourmands, font partie d’une façon de penser qui dit au travers de ses actions: “Au diable vos peuples et nations originels, au diable tous vos écosystèmes”. Le chemin, vieux de quelques siècles de ce “progrès capitaliste”, est pavé des os des peuples originels dans les endroits où il passa. Il laisse derrière lui un héritage de déchets toxiques, de déforestation et autres naufrages de proportion incommensurable.

Tout ceci fut amené à nos nations originelles au travers de ce continent grâce à une idéologie néolibérale qui s’est manifestée directement depuis le même type de mentalité qui créa les décrets (bulles) pontificaux du Vatican pour la domination au XVème siècle: envahissez, capturez, vainquez, subjuguez et dominez les “nations païennes et barbares”. Cette mentalité croit qu’elle a besoin de maintenir sa domination sur les peuples et nations originels. Elle croit en la libération des corporations multinationales et transnationales de toutes régulations qui soient qui pourraient entraver le chemin vers de gigantesques profits et le siphonnage des ressources naturelles vitales.

Les ZLE créées par la Banque Mondiale et autres intérêts banquiers au Honduras sont des endroits où la domination est laissée libre de toute action de façon à retirer tout obstacle qui empêcherait les corporations d’exploiter la Terre-Mère, ses eaux, et ses ressources naturelles et ce pour un profit toujours plus important et un accroissement du pouvoir, à perpétuité. En contraste, les histoires de la création native et les enseignements des nations autochtones sont faits pour honorer, respecter et préserver la Terre et tous les êtres vivants la partageant, à perpétuité. Ces enseignements et les peuples et nations originels qui les maintiennent en place, posent une menace fondamentale et existentielle à la mentalité de domination et à ce type de vie particulier qui résulte de l’amour des richesses (Ame = amour + Ricas = richesses)

“Les Amériques” (du nord, centrale et du sud) est le continent où le rêve d’empire de la chrétienté, celui de la domination et du profit, devint la base du “rêve américain” (le rêve des richesses et de la richesse, de l’abondance matérielle) et la base du “mode de vie américain” la fameuse “American way of Life”. C’est un modèle mental de vie idéalisé mis en place sur l’amour des richesses et de la richesse, accumulées en s’accaparant les territoires des peuples et nations originels d’une région géographique donnée et de soit “contrôler ou éliminer la population autochtone”, comme l’a dit l’historien Samuel Eliot Morison. La domination est le moyen utilisé pour parvenir à ce but et le meurtre brutal de Berta Cáceres est une preuve additionnelle de ce que nous décrivons dans notre documentaire “The Doctrine of Discovery: Unmasking the Domination Code.

Dans son livre Empire or Democracy (1939), Leonard Barnes écrit: “Pour bien des hommes le sens de la domination est un bienfait et avoir d’autres humains travaillant comme vos serviteurs et produisant une richesse que vous pouvez vous approprier d’un coup et vous en réjouir est, pour le moins, utile” (p.187). Le système institutionnalisé de domination a soufflé brutalement la vie de Berta Cáceres, ainsi que celle de bien d’autres femmes autochtones au Honduras parce qu’elle et bien d’autres ont essayé de se mettre en travers du chemin de ce soi-disant ZLE du “progrès” pour des intérêts qui sont directement liés à l’empire américain (les États-Unis).

Dès sa création, les États-Unis, que George Washington appela “notre empire nouveau-né”, furent fondés sur l’amour de l’opulence matérielle et la richesse. Durant plus de deux cents ans, il s’est engraissé au travers du processus de l’impérialisme. Il a utilisé ce même processus pour s’emparer des territoires traditionnels de nos nations et peuples originels. C’est un état Léviathan. Ses politiques impérialistes sont le moyen par lequel il étend ses tentacules politiques et économiques dans de superbes endroits comme le Honduras et ce avec une impunité froide, déterminée et mortelle. Les peuples et nations originels finissent par être sacrifiés aux dieux du capitalisme et de la veulerie.

Comme l’a fait remarqué Rupert Emerson dans son From Empire to Nation (1960), “l’impérialisme par définition, implique la domination d’un peuple sur un autre” (p.6) ; la proclamation d’apporter “la civilisation humaine et chrétienne” aux “non civilisés, sauvages” (non dominés) “païens et infidèles”, fut le martelage précoce de ce code. Maintenant, il est mis en avant par des mots à la consonnance si bénigne tels que “développement” et par des phrases ou expressions d’enfumage comme “the Central American Free Trade Agreement (CAFTA).” Tout réside dans le fait de rendre l’entreprise de domination “libre” de toute contrainte ou réglementation, du moins du mieux possible et ce même si cela implique tuer de braves gens comme Berta Cáceres en toute impunité, Et ainsi la domination continue… à perpétuité.

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Nous pouvons arrêter de consentir, dire non, stop, ça suffit…

Et plus on avance, et plus cela s’impose à nous comme unique solution, car de toute façon nous mourrons, tous, autant passer le reste de notre vie, debout.

Les pieds plantés dans le sol.

Et la tête dans les étoiles

De l’invisible JBL1960