Que la vérité soit tue !

Ce billet est la suite de celui-ci ;

La “solution finale” du problème Indien

Dans cette 4ème partie de la traduction faite par Résistance71 du contre rapport intitulé ;

Meurtre par Décret : Le crime de génocide au Canada

Contre-rapport de la “Commission Vérité et Réconciliation”

 Publié par le Tribunal International pour les Disparus du Canada

En conjonction avec des Commissions Citoyennes d’Enquête préalables

Le 1er Mars 2016 | Toronto & Bruxelles

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On apprend, entre autres, comment le camouflage actif du génocide canadien a toujours fonctionné la main dans la main avec le crime lui-même, et ce jusqu’à aujourd’hui…

Au nom de « Crimen Sollicitationis » ;

Rien ne sera révélé ! Jamais !

Le Vatican a lui-même organisé, dès 1929, en rédigeant une lettre Crimen sollicitationis (secrètement en 1922) ordonnant les mesures à prendre dans les cas où des prêtres seraient accusés de fautes graves (Et quelles quelles soient !) rendant impossibles toutes inculpations et poursuites pénales à partir de cette date et pour des siècles et des siècles…

D’ailleurs, le pape François 1er, aujourd’hui encore, brandit cette lettre du Vatican intitulé « Crimen Sollicitationis » pour empêcher toutes enquêtes de justice, notamment, dans le cadre des prêtes pédophiles, comme en France mais pas seulement…

Puisqu’il fut établi par le Capitaine Richard Pratt, fondateur de l’école pensionnat pour Indiens Carlisles, 1892, qu’il fallait « Tuer l’indien pour sauver l’Homme » ;

Il fut simplement implicitement compris qu’aucune personne indigène traditionnelle ou nation ne devaient être autorisées à survivre en dehors de la chrétienté et de sa nation « blanche ».

Toutes les approches partagèrent le même narratif trompeur qui dépeignait le génocide comme une quête sacrée et un acte de charité profonde envers des êtres inférieurs.

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https://resistance71.wordpress.com/2016/06/15/meurtre-par-decret-le-contre-rapport-de-la-commission-verite-reconciliation-sur-le-genocide-au-canada-4eme-partie/

Lien vers le PDF du contre rapport original en anglais  « Murder By Decree » ; http://murderbydecree.com/

Lien vers le PDF de la traduction substantielle faite par R71 « Meurtre Par Décret »

et disponible sur ce blog =

https://jbl1960blog.files.wordpress.com/2016/06/mpdtr710616.pdf

Seconde partie : Camouflage, contrôle et subterfuge

 “Comme ceci était la propriété de et la gestion de l’église, une attention particulière fut apportée pour éviter une enquête trop approfondie.” ~ Gerald Barry, agent des Affaires Indiennes à propos d’un incendie et de la mort d’enfants autochtones dans le pensionnat Ahousaht de l’église Unifiée, le 3 février 1940

“La politique du ministère est de ne pas interférer avec le travail de quelque église que ce soit sur une réserve indienne…” ~ Frank Pedley, assistant superintendant des Affaires Indiennes le 21 janvier 1904 ~

“Personne ne veut poursuivre en justice les églises ni les voir en banqueroute.” ~ Murray Sinclair, président de la Commission Vérité & Réconciliation le 8 Octobre 2012 ~

“La Commission Vérité et Réconciliation ne doit pas tenir des auditions formelles, ni agir en tant qu’enquête publique, ni procéder à un processus judiciaire formel ; elle ne devra pas posséder de pouvoir de contrainte à audition, ni de mandater une quelconque participation à aucune de ses activités ou évènements… Elle ne devra pas établir de conclusions ou de recommandations en regard du mauvais comportement de quelque personne ou sur les possibles activités ou responsabilités criminelles de quelque personne ou organisation que ce soit… Elle ne devra pas citer nominalement les personnes dans aucune de ses activités, de ses déclarations publiques, rapports ou recommandations, ou utiliser quelque information personnelle ou déclarations faites qui identifient une personne… Les commissaires siégeant ne devront pas noter ni archiver les noms des personnes identifiées.” ~ de la seconde section “Etablissement, pouvoirs, devoirs et procédures de la commission”, Commission Vérité et Réconciliation, Ottawa, 2008

Le camouflage actif du génocide canadien a toujours fonctionné la main dans la main avec le crime lui-même.

[…] Bref, à l’aube du XXème siècle et du système de pensionnats pour Indiens, les hauts-fonctionnaires du ministère des Affaires Indiennes du Canada ordonnèrent le camouflage des taux de mortalité parmi les résidents des pensionnats en les censurant de tous les rapports administratifs après 1903. Après cette date, aucun décompte officiel des décès dans les pensionnats ne peut refléter de manière précise la mortalité réelle parmi les enfants autochtones, cela n’en était pas non plus l’intention. Et pourtant aujourd’hui, la CVR s’est fiée de manière tout à fait erronée sur de tels comptes falsifiés et blanchis comme sa seule “preuve” d’un pourcentage insignifiant de l’ordre de 1% de décês dans les pensionnats !

Ce schéma de fonctionnaires alimentant les écrans de fumée sur les conditions de vie et d’existence dans les pensionnats est demeuré constant durant toute la vie du système, spécifiquement après que ces conditions furent menacées de divulgation par d’honnêtes fonctionnaires et médecins. Un exemple classique de ceci fut la suppression par le gouvernement canadien du rapport à charge du Dr Peter Bryce en 1909 et de sa précipitation en dehors du service public, après que Bryce eut découvert que la tuberculose était routinièrement et délibérément répandue parmi les pensionnaires en bonne santé. De manière générale, la structure interne même du système de pensionnats pour Indiens était cadenassée de telle façon que cela permettait le maintien du secret institutionnel et un camouflage facile de quoi que ce soit qui pouvait se dérouler en son sein.

Aussi tard que dans les années 1970, les directeurs/proviseurs des pensionnats maintenaient le contrôle absolu non seulement sur les enfants pensionnaires incarcérés, mais ils avaient aussi pleins pouvoirs sur le personnel engagé dans la procédure ; ils avaient le pouvoir de censurer leurs correspondances et de contrôler leurs coups de téléphones, ils pouvaient les licencier sans cause valable, sans justification et sans verser les salaires. La structure de contrôle pyramidale, très militaire avait été construite dès le départ pour pouvoir maintenir un contrôle sur l’information dans et hors des pensionnats dans la plus pure tradition de tout système agissant de manière malévolente et qui anticipe au mieux toutes les “fuites” potentielles possibles.

L’efficacité d’un tel contrôle fut démontrée par le comment les crimes commis au sein de ces institutions furent masqués complètement au public canadien, à l’attention publique y compris à la plupart des membres chevronnés des gouvernements successifs.

[…] Quoi qu’il en soit, on doit se rappeler que le véritable maquillage de cette massive extermination institutionnalisée des Indiens s’est déroulée au travers d’une mentalité et d’une pratique du “deux poids, deux mesures”, commune dans tout système génocidaire et à laquelle adhéraient tous les employés des pensionnats s’ils tenaient à leur boulot.

Le Dr C. Pitts, un inspecteur médical des pensionnats autochtones de la province de Colombie Britannique, a décrit ce système du deux poids, deux mesures dans une lettre du 22 Octobre 1935 et adressée à l’agent des Affaires Indiennes R. H. Moore, il écrivit ceci: “… Si je devais appliquer les standards sanitaires scolaires des enfants blancs aux enfants indigènes, je devrais alors renvoyer 90% d’entre eux et il n’y aurait plus d’écoles.

Ces standards sanitaires des plus bas pour les enfants indiens ont permis un énorme taux de maladie et de décès parmi eux, taux qui fut considéré comme “acceptable” par le gouvernement et les églises et qui fut quoi qu’il en soit camouflé, ceci étant une partie de la normalisation d’un génocide qui le rend invisible à ceux qui le perpétue.

Ainsi, ce même Dr Pitts fut aussi impliqué dans le maquillage de la mort de quatre garçons du pensionnat catholique de Lejac à peine un an après qu’il eut écrit sa lettre des “deux standards d’application”: une affaire qui continue au travers des décennies.

La meilleure justice que nous puissions rendre à cette affaire, et pour les quatre garçons décédés, est de reproduire cet article qui a été publié à travers le Canada en Juin 2015: “Why Canada is still lying about how four Indian boys died ? A Post-Mortem study of how a crime is carried on” (“Pourquoi le Canada ment t’il toujours au sujet du comment les gamins indiens sont morts? Une étude post-mortem sur la méthodologie d’un crime”)

Un héritage de mensonges

Les archives des pensionnats pour Indiens abondent en fragments de preuve pour valider un mensonge habituel et systémique afin de masquer la véritable ampleur de la criminalité et du nombre de décès au sein de ce système concentrationnaire. Les archives des pensionnats furent non seulement détruites de manière continuelle, mais aussi censurées, spécifiquement lors de décès d’enfants.

[…]

Camouflage continu

La continuité du camouflage de la réalité criminelle des pensionnats pour Indiens par l’église et l’État à travers les générations, est dûment révélée non seulement par l’affaire du pensionnat de Lejac, mais aussi par un grand nombre de témoignages de survivants.

Kenny Quatell de la nation Kwakiutl de l’île de Vancouver est un survivant d’expériences médicales faites sur sa personne à l’hôpital pour Indiens de Nanaimo géré par l’église unifiée du canada durant les années 1960. En 2005, il décrivit le secret permanent entourant ce qui lui fut fait alors qu’il était enfant.

Ils ont dit à ma mère que j’étais mort au cours d’une opération alors que j’avais 5 ans. Puis ils m’ont emmené et incarcéré à l’hôpital de Nanaimo où ils m’ont gardé pendant des années et ont fait toute sorte d’expériences sur moi. Ils se sont assurés que je ne puisse pas avoir d’enfants. On m’a donné des drogues et des médicaments qui me rendaient tout le temps malade et me faisaient perdre connaissance. Puis ils m’ont maintenu je ne sais combien de temps dans une pièce complèteement noire (note: tests d’isolation sensorielle). Je me rappelle des ces fils que j’avais sur la tête, ils me faisaient porter un genre de chapeau métallique et ils me donnaient des chocs électriques et je perdais connaissance et ça recommençait. J’ai toujours ces convulsions dans la tête de temps en temps. Finalement, alors que j’étais devenu un adolescent, ils m’ont laissé sortir, je ne sais pas pourquoi. Je pense qu’ils en avaient fini avec moi. Ils m’ont juste largué dans une rue de Nanaimo et je suis demeuré sans logis pendant longtemps, un clochard. Mais un jour un membre de ma famille m’a remarqué et m’a ramené à la maison, la plupart des membres de ma famille étaient morts.

Pendant des années j’ai suivi une thérapie pour mes problèmes à Campbell River, mais le psychologue qui me traite ne me dit jamais rien. A chaque fois que je demande à voir mon dossier médical il me dit non, je ne peux pas vous le montrer parce que c’est classifié secret défense. Un jour je lui ai dit que j’allais aller voir un autre médecin, il a ri et m’a dit, si vous essayez çà, vous serez arrêté. Il me répétait sans cesse la même chose: mon cas était un cas classifié top secret.”

Harry Wilson, qui découvrit le cadavre d’une petite fille au pensionnat de Port Alberni de l’église unifiée en 1967, fut incarcéré au même hôpital pour Indiens de Nanaimo pendant plus d’un an après qu’il eut rapporté sa découverte au directeur du pensionnat John Andrews. Il fut soumis à un traitement par électrochocs pour lui faire oublier. Des années plus tard en 1998, lorsque qu’Harry a essayé de parler de l’incident lors d’un forum se tenant à Port Alberni, deux autochtones financés par le gouvernement le menacèrent de mort s’il parlait.

Irene Starr a discuté de la cache de restes d’enfants humains dans un pensionnat anglican de l’île de Vancouver, durant un entretien avec le tribunal de l’IHRAAM en juin 1998. Dans sa déclaration elle a dit: “J’ai vu des rangées de petits squelettes derrière les murs du pensionnat d’Alert Bay lorsqu’ils ont démoli le bâtiment en 1970. Pourquoi auraient-ils enterré ces enfants derrière les murs s’ils ne voulaient pas cacher quelque chose.

De telles histoires abondent dans les centaines de témoignages recueillis de la bouche même de survivants de ces pensionnats et qui constituent ce rapport. Ce camouflage de la vérité a continué sans relâche jusqu’à la fermeture du dernier des pensionnats en 1996 et même au cours du processus de règlement légal des réparations gouvernant les survivants des pensionnats.

Par exemple dans une lettre datée de mars 2008 à un de ses clients survivant du pensionnat catholique Christie, Trudy Smith, par l’avocat de Victoria en CB Scott Hall, celui-ci stipulait: “… en signant cette lettre d’acceptation vous exonérez le Canada et l’église de toute responsabilité pour votre douleur et votre souffrance qui vous ont été causées par le comportement de leurs employés ou agents alors que vous étiez au pensionnat… Ceci est final et veut dire que vous ne pouvez plus déposer une quelconque plainte dans le futur contre le Canada ni contre l’église…

L’absolution légale des coupables de leur crime est une partie structurelle du programme de “compensations” (financières) pour les survivants des pensionnats de la part du gouvernement canadien ainsi que toute autre forme de camouflage de ce crime. Cette farce a été accompagnée par toujours plus d’écrans de fumée et de malversations de la part des avocats, incluant même les avocats des survivants. L’avocat de deux des survivants, Harry Wilson et Dennis Tallio, David Patterson, a refusé d’inclure dans leurs témoignages au tribunal toute mention des enfants morts que tous deux découvrirent sur les lieux mêmes du pensionnat d’Alberni.

D’après Kevin Annett, qui a questionné Patterson plus tard:

Il était vraiment sur la défensive et a même menacé de poursuivre en justice Harry et Dennis s’ils continuaient de faire pression sur lui pour inclure leur déclaration complète en ce qui concerne la découverte des cadavres. Finalement, je l’ai appelé à son bureau à l’automne 1997 et lui ai directement demandé pourquoi il ne voulait pas adhérer aux désirs de ses clients. Patterson a éludé la question pendant un moment puis il a finalement explosé de colère et a dit: ‘écoutez, je ne suis pas seulement un avocat ! Je suis aussi un officier de la Cour et il y a certaines choses que je n’ai pas le droit de soulever !’

De manière certaine, aucun des milliers de procès intentés éventuellement contre le gouvernement du Canada et contre les églises catholique, anglicane et unifiée ne le furent pour meurtres ou autres actes criminels dans les pensionnats pour Indiens, confinant systématiquement le litige dans le domaine des dommages et intérêts pour “abus physiques et sexuels” ou pour “négligence”. En deux occasions en 1999 et en 2002, des cours suprêmes provinciales refusèrent explicitement le droit aux plaignants autochtones de poursuivre en justice le Canada et la Couronne d’Angleterre pour génocide, affirmant qu’une telle accusation était “ultra vires” et au-delà de la compétence juridique de leurs tribunaux.

Le camouflage institutionnalisé s’étend aux médias canadiens. Un exemple édifiant fut cette manchette du journal quotidien du Globe & Mail en date du 24 Avril 2007 qui confirmait un ratio de 50% de mortalité dans les pensionnats pour Indiens: “Les autochtones moururent en très grand nombre alors qu’Ottawa ignorait les avertissements”. Mais après que le gouvernement canadien eut finalisé son blanchiment du génocide par la CVR en 2015, le même titre eut les mots “en grand nombre” enlevés et il y est dit aujourd’hui dans sa version éditée en ligne: “aucun doute pour confirmer l’affirmation officielle de la CVR d’à peine 1% de décès dans les pensionnats pour Indiens” !

Un tel camouflage s’étend également à la police. Un rapport complet entièrement séparé de celui-ci pourrait être écrit au sujet de la très longue histoire du maquillage et de l’obstruction de la justice pratiqués par la Gendarmerie Royale du Canada (NdT: GRC, Gendarmerie Royale du Canada ou police montée, équivalent canadien du FBI américain) en tant que branche policière du système des pensionnats autochtones. Mais quelques exemples récents vont éclairer ceci.

Après le premier reportage médiatique d’un témoin oculaire d’un meurtre dans un pensionnat dans le quotidien du Vancouver Sun en décembre 1995, un porte-parole de la GRC a déclaré publiquement: “si des meurtres se sont produits dans ces écoles, ceci appartient définitivement à notre mandat juridique de mener l’enquête” ~ Sergent Paul Willms de la division “E”, GRC, Vancouver ~ Mais trois mois plus tard, après que plus de rapports de témoignages sur des meurtres firent surface et de la formation d’une “équipe spéciale” de la GRC pour les pensionnats, le successeur du Sergent Willms, le constable Gerry Peters a dit: “Nous n’avons jamais eu de mandat juridique pour enquêter sur de supposés meurtres dans les pensionnats.

En plusieurs occasions à la même période, des officiels de la GRC incluant Willms et Peters, refusèrent d’enquêter sur des rapports de meurtres amenés par des témoins oculaires d’assassinats au pensionnat Alberni tout en mentant publiquement, disant que “rien n’avait transpiré” concernant ces meurtres. Les deux gendarmes ont aussi personnellement menacé Kevin Annett et l’ont prévenu des “conséquences” s’il persistait à faire des déclarations aux médias au sujet des meurtres d’enfants dans les pensionnats pour Indiens.

Le premier meurtre qui eut un témoin oculaire, celui de Maisie Shaw, tuée par le proviseur du pensionnat Alfred Caldwell, comme vu par Harriett Nanahee, déclencha l’émission d’un certificat de décès falsifié pour Maisie Shaw par le gouvernement de la Colombie Britannique dans les archives provinciales. Après avoir déclaré à Kevin Annett le 12 décembre 1995 qu’il n’y avait pas de certificat de décès pour Maisie Shaw où que ce soit dans le registre provincial, l’archiviste Brian Young contacta Kevin Annett deux semaines plus tard, après que le quotidien du Vancouver Sun eut publié un article narrant le meurtre de Maisie, et il lui notifia qu’un certificat de décès au nom de Maisie Shaw existait maintenant.

Young affirma que le document “avait disparu” après avoir été incorporé au système archival “seulement récemment”, alors même qu’il était daté 50 ans plus tôt: le 26 décembre 1946. Le document contient une informartion erronée et hautement suspicieuse.

[…] Ce système est évident au plus haut niveau de l’État et de l’église et au sein de l’institution responsable primairement du génocide des pensionnats pour Indiens, au Vatican, une politique appelée “Crimen Sollicitationis”, qui a été donnée comme un “modèle de mensonge et de camouflage”.

Crimen a pris effet en tant que politique de gouvernance sur tout le clergé catholique romain depuis 1929 et sur l’ensemble des catholiques depuis 1962. C’est une lettre encyclique, qui ne fut révélée qu’en Août 2003 par le journal de Londres “The Observer”, obtenu au travers d’un contact avec les archives de la librairie du Vatican où elle était archivée. Crimen impose un serment de “secret perpétuel” sur toutes les victimes de viols d’enfants par des prêtres et les noms des violeurs sous peine d’excommunication. L’encyclique interdit également de rapporter le crime à la police empêchant ainsi les violeurs d’être traduits devant un tribunal civil. Grâce à la lettre Crimen Sollicitationis, tout le clergé catholique, perpétrateur principal de ce crime, est automatiquement protégé de manière institutionnalisée pour tout acte de viol ou de violences, abus sur des enfants. Crimen personnifie une énorme conspiration criminelle à l’échelle mondiale.

Le pape actuel François 1er, Jorge Bergoglio, malgré sa rhétorique de la “réforme”, a réaffirmé la politique établie par la lettre Crimen à des évêques italiens et américains ainsi que dans des déclarations pontificales. Le propre rôle de Bergoglio dans le trafic d’enfants durant les “sales guerres” en Argentine alors qu’il était archevêque de Buenos Aires, lui donne sans aucun doute un intérêt particulier à continuer la politique établie par Crimen, politique du secret, du silence et du maquillage des crimes.

Bref, depuis 1929 et sans aucun doute avant cela, chaque prêtre catholique dans le monde et dans les deux tiers des pensionnats pour Indiens du Canada, savait qu’il pouvait violenter, molester et violer des enfants en toute impunité et qu’il ne ferait face à aucune punition, inculpation judiciaire ou réprimande. Cette encyclique couverte par la loi canonique, camouflage officiel, était une sorte de feu vert pour les pédophiles de migrer dans ce qui était déjà un système isolé et non dûment contrôlé: les pensionnats pour Indiens, sachant que chaque membre du clergé et membre du personnel étaient obligés de garder le silence.

Il est de ce fait très significatif que la même année de l’adoption de l’encyclique Crimen par le Vatican en 1929, le gouvernement canadien ait rendu le gardiennage officiel des pensionnats pour Indiens et des enfants incarcérés aux proviseurs/principaux essentiellement catholiques de ces institutions. Ainsi, une fois que le secret officiel et l’impunité furent garantis par l’église, le gouvernement pouvait lui donner en toute sécurité le contrôle absolu des enfants Indiens qu’eux et leurs missionnaires préalables avaient toujours recherchés.

Considérant l’influence considérable et prépondérante du catholicisme apostholique et romain dans le service public et le gouvernement du Canada, cette collusion entre le gouvernement canadien et le systèmes de pensionnats autochtones essentiellement géré par l’église catholique n’est pas vraiment surprenante. Cette influence fit en sorte que le modèle jésuite original des pensionnats, le soi-disant “système Durieu”, fut copié par le gouvernement et les autres églises en charge.

Cette influence s’est aussi produite du monopole traditionnel du Vatican sur la société du Québec et son bloc électoral stratégique qui a assuré par exemple, que chaque premier ministre depuis 1968, sauf un, a été catholique, et ce bien que le statut minoritaire des catholiques dans la société canadienne soit notoire.

[…] Il n’y a pas de système judiciaire indépendant ou d’agence de contrôle chien de garde au Canada, il n’y a pas de “contre-pouvoir” structurel et de reconnaissance de responsabilité, du moins de manière formelle pour les citoyens d’une république constitutionnelle. Le vieux système colonial de la gouvernance d’une personne est personnalisé au Canada par le “chef d’état” officiel, le Gouverneur Général du Canada qui est nommé(e) par la couronne d’Angleterre et aussi par le fait que le premier juge de la cour suprême du Canada est aussi un membre du cercle très fermé du pouvoir exécutif connu sous le nom de “Privvy Council” (NdT: qui ne rend compte qu’au monarque britannique, depuis 1958, la reine Elizabeth II d’Angleterre, ceci est mis en place pour tout pays du Commonwealth)

[…] La coopération appliquée à tous les niveaux de la société canadienne envers ce crime et sa mise à l’écart est ultimement une réflexion d’un corps politique dont l’absolutisme néo-féodal et l’irresponsabilité permettent la fraude et le crime de devenir un principe opératoire.

Ce malaise de grand silence endémique à travers le Canada est peut-être le mieux résumé dans une excellente remarque que fit un directeur de programmation d’une chaîne de télévision sur Vancouver Island et qui annula un entretien avec Kevin Annett avec cette remarque: “Le programme est diffusé à différents moments de la journée et le contenu de ce qu’a à dire Kevin pourrait perturber et être assez gênant. Nous demandons que vous considériez quelqu’un d’autre pour l’entretien.” ~ 15 février 2015 ~

[…]

Les soi-disant mauvais traitements et les tortures de nos centres de détention, des histoires qui ont été diffusées par les gens et plus tard par des prisonniers libérés, ne furent pas, comme le pensent certains, infligés de manière méthodique, mais furent des excès commis par des gardiens de prison, leurs adjoints et quelques hommes qui exprimèrent des violences sur leurs détenus. Nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir pour que la vie de nos détenus avec nous soit la plus vivable et humaine possible…” ~ Rudolf Hess, commandant SS du camp d’Auschwitz à son procès en 1945 ~

Les abus faits à nos pensionnaires dans les écoles indiennes étaient pratiquement toujours bénins par nature et généralement commis de manière aléatoire. Ils ne furent pas le résultat d’une politique délibérée mais il s’agissait plutôt de cas isolés de certains individus.” ~ Brian Thorpe, secrétaire de la branche de l’église unifiée du canada pour la Colombie Britannique le 3 Mars 1996 ~

La criminalité institutionnalisée n’est que rarement si jamais considérée comme un crime par ses participants, qui voient leur système comme quelque chose de bénin et de nécessaire et rationalisent leur implication au moyen d’un langage, d’une sémantique spéciaux faits pour légitimer et normaliser ce système. Les missionnaires “sauvent” les sauvages, qui sont alors “civilisés” ou “assimilés” plutôt qu’exterminés. Les détenus de camps de la mort sont “relocalisés” ou “traités”, les soldats ennemis sont “pacifiés”, pas tués et les victimes d’un génocides sont “abusées”.

Tout système d’oppression a besoin d’une telle sémantique, d’un tel langage à double sens ainsi que le narratif trompeur qui va avec afin de le justifier et de s’assurer la loyauté continue de ses membres. Nulle part ailleurs ceci ne fut prouvé plus véridique qu’avec l’effort européen de subordonner le monde dans sa chrétienté ou son empire universel chrétien, par lequel l’humanité entière devait être sous la coupe de la papauté romaine ou périr. Le génocide canadien est une expression de cet objectif impérialiste, qui fut pensé et exprimé depuis le départ comme une entreprise essentiellement religieuse, avec son propre langage théologique incorporé et sa logique implacable. Il fut simplement implicitement compris qu’aucune personne indigène traditionnelle ou nation ne devaient être autorisés à survivre en dehors de la chrétienté et de sa nation “blanche”.

Chaque nation conquérante a appliqué cet impératif de manière différente. Pour les missionnaires catholiques du début, ayant leurs yeux sur un bénéfice rapide, “convertir le sauvage” voulait dire “tout ce qui était requis pour la foi et le commerce des fourrures”, pour citer le chef des jésuites Jean de Brebeuf. Pour le plus tardif Dominion of Canada (colonie) avec son halo de bienveillance anglo-saxonne, les Indiens devaient être “canadanisés ou christianisés”, pour citer l’objectif déclaré de l’église unifiée du Canada créée par le gouvernement en 1925.

Quelque soit l’approche faite du génocide ou les termes employés, le but était ultimement identique, à savoir en terminologie moderne, “d’assimiler” tout Indien qui survivrait la conquête dans le corps politique de la chrétienté. Toutes les approches partagèrent le même narratif trompeur qui dépeignait le génocide comme une quête sacrée et un acte de charité profonde envers des êres inférieurs.

Le remarquable aspect du langage du génocide normatif est que le double sens au sein de ses propres mots, non seulement cache l’intention meurtrière, assassine et la nature même du crime, mais il convainc aussi les membres de la nation génocidaire qu’un tel crime ne s’est jamais produit. Trois très bons exemples de ce phénomène peuvent être trouvés dans l’utilisation continuellement trompeuse par les médias canadiens, par l’église et l’état, des termes “abus”, “réconciliation” et “excuse” dans le sillage des atrocités commises dans les pensionnats pour Indiens. En réalité, ce trio de termes est très vite devenu une muraille contre la possibilité que la vérité puisse pénétrer dans le discours “officiel” entourant le crime. Leur nomenclature trompeuse est apparue au tout début de ce discours sur les pensionnats lorsqu’en 1990, le “chef” financé par l’état fédéral Phil Fontaine du gouvernement créé par l’Assemblée des Premières Nations (APN) se référa dans les médias à ses propres “abus” subis dans un pensionnat du Manitoba. Après cette déclaration mise en scène, le mot “abus” est devenu le terme opératoire et accepté pour couvrir toute la malveillance et les crimes ayant eu lieu dans les pensionnats pour Indiens, même lorsque ces malveillances incluaient la torture, le meurtre et clairement de graves crimes contre l’humanité.

Cette utilisation de ce mot creux ‘abus’ fut délibérée et partie d’une stratégie légale du gouvernement du Canada pour contenir le litige légal inévitable qui allait venir des victimes et le circonscrire dans le système légal des ‘dommages et intérêts’ résultant de négligences plutôt que de les voir couverts par des tribunaux en tant qu’actes criminels ; ainsi tout ce qui s’était produit pouvait passer pour des ‘abus’ ayant occasionné des ‘dommages’ qui pouvaient être financièrement “compensés” comme on pourrait le faire d’un carreau cassé. Cette supercherie fut créée pour protéger les églises et le gouvernement de toute conséquence légale de leurs actions criminelles. Contrôlez le langage et vous contrôlez le résultat.

[…] Ce contrôle des dégâts, sponsorisé par le gouvernement, devint de plus en plus évident lorsque le second terme de la trilogie de diversion, “réconciliation”, apparût très rapidement sur les talons de la déclaration de Phil Fontaine. Avant même que des détails des crimes ayant eu lieu dans les pensionnats pour Indiens à travers le Canada ne soient divulgués, les politiciens et les journalistes/éditorialistes du Canada commencèrent à répéter inlassablement le même mantra, appelant pour un “processus de cicatrisation et de réconciliation”. Les deux termes devinrent très rapidement synonymes dans tout discours sur les pensionnats pour Indiens, même si en pratique ils furent assez antagonistes.

Des mots de Delmar Johnny qui mena un mouvement de survivants du pensionnat catholique de Kuper Island: “Vous ne pouviez pas parler de votre expérience dans le pensionnat sans entendre ce mot de “réconciliation” à tout bout de champ, de votre médecin, des flics, des journaux. Vous ne pouvez pas cicatriser sans être réconciliés, ceci fut le mantra matraqué depuis le départ. Cela n’a jamais eu aucun sens pour moi. Comment suis-je supposé me réconcilier avec les gens qui ont détruit ma vie et celle de mon frère ?

Le sens du mot “réconciliation” est en fait l’opposé exact de sa compréhension d’usage, de la compréhension classique du mot qui voudrait être: “la fin d’un désaccord et le retour à des relations amicales” (Dictionnaire Oxford, 2002). Même une telle compréhension de ce mot est absurde lorsqu’il s‘applique à la conquête des Indiens par les Européens (chrétiens) ; le génocide ne fut jamais une “sorte de désaccord”, et rien n’a jamais été spécialement “amical” dans les relations générales entre les autochtones du continent et les blancs.

En réalité, le mot “réconciliation” est dérivé du mot latin “reconcilia” qui veut dire rétablir la domination et le contrôle d’un dirigeant sur ses sujets. C’est un terme qui implique la résignation et la défaite devant l’inévitabilité d’une conquête comme dans l’expression “être réconcilié avec son destin”.

Par exemple, l’inquisition pontificale employait souvent le terme pour décrire les peines imposées aux “hérétiques” et autres ennemis de l’église romaine. D’après l’historien médiéviste Henry Charles Lea, une archive d’un tribunal pontifical espagnol de 1549 décrit comment trois hommes furent accusés de luthérianisme et furent “réconciliés avec l’église au travers de la perte de propriétés”. D’autres dissidents religieux “furent soumis à la réconciliation pour judaïsme et envoyés aux galères comme esclaves.

Le catholicisme hérita de la compréhension et de la pratique de la “réconciliation” de son corps parental, l’empire romain. Au 1er siècle c’était une pratique de l’empereur que de parader les chefs ennemis capturés, ceux qui s’étaient rebellés contre Rome ou refusaient la domination, sur le Forum, puis de les avoir à genoux suppliant l’empereur de leur pardonner. Les leaders rebelles étaient ensuite étranglés de manière rituelle dans une cérémonie publique complexe connue sous le nom de “reconcilia”. Les archives impériales romaines font constamment référence à cet “acte de réconciliation”.

Compris sous cette lumière, la “réconciliation” entre le Canada colonial blanc et ses victimes autochtones devient bien plus clair ; non pas comme un acte de reconnaissance mutuelle amical, mais bel et bien comme la réaffirmation de l’autorité canadienne et de la domination sur les Indiens qui ont osé accuser et poursuivre en justice leurs bourreaux de l’église et de l’état. Le simple fait que personne jusqu’ici n’a été conduit devant les tribunaux au Canada pour la mort de quiconque des plus de 50000 enfants indiens assassinés dans les pensionnats, prouve que ces morts ne sont absolument pas considérées comme un crime. Le véritable crime est de révéler ce qu’il s’est vraiment passé et une telle rébellion se doit d’être “réconciliée” au travers de l’humiliation publique et l’admission par les rebelles de leur tort et non pas celui des dirigeants.

Ceci est en fait ce qu’il s’est produit au Canada au cours de ce processus entier entourant l’exposition du crime des pensionnats pour Indiens et des litiges subséquents, des “compensations” et de “l’excuse”: les survivants des pensionnats ont été publiquement humiliés et re-soumis en tant que sujets de la couronne tout en absolvant légalement leurs bourreaux par écrit de toute malveillance en échange de quelques dollars et d’une tape amicale sur la tête.

En ignorant et méprisant de manière ouverte la loi canadienne et internationale au travers de cet auto-pardon de crimes prouvés et en établissant les termes des réparations et de l’auto-indemnisation, le gouvernement canadien a imposé sa propre “reconcilia” à ses peuples sujets sous le déguisement familier de la bienveillance.

En tant que partie intégrante de ce processus de la ré-imposition de l’autorité du Canada sur le peuple aborigène, le gouvernement s’est justifié au travers d’une “excuse” aux survivants des pensionnats pour Indiens au parlement d’Ottawa le 8 Juillet 2008. Une fois de plus, ce mot a un double sens, une signification contradictoire: il est à la fois une expression de regret et de défense des actions de quelqu’un.

Une classique “apologia” était une clarification d’un travail universitaire, de recherche ou d’une idée ; ou au tribunal, d’un argument légal. En droit, une déclaration “d’excuse” est une partie d’un accord, d’une résolution légale où “celui qui s’excuse” est libéré de toutes obligations envers la tierce partie blessée par l’expression de ses excuses. En réalité, le premier ministre Harper disait publiquement à chaque survivant des pensionnats: “Il est très infortuné que vous ayiez eu à souffrir mais nous avons une justification de ce que nous avons fait, nous ne sommes pas en tort et l’affaire est donc par la présente officiellement résolue.

En acceptant les excuses de Harper “au nom” des survivants des pensionnats consultés, lesquels ils n’ont du reste jamais consulté pour ce faire, les chefs de l’APN et autres Indiens subordonnés ont donc fait cet ancien processus et rituel de la “reconcilia” en montrant que les nations autochtones avaient une fois de plus accepté la suprématie et la souveraineté de la Couronne et du droit canadien, tout comme dans le processus de “traité” géré par le gouvernement où la “couronne” est reconnue comme la véritable propriétaire de la terre.

Ultimement, sans même considérer les mesures “d’excuses” récentes faites par leur propre gouvernement, les Canadiens, comme tous les citoyens d’un régime génocidaire, ont déjà été élevés et conditionnés par une définition soigneusement modifiée du crime désigné [le génocide] afin de le normaliser et de prévenir toute action légale contre les institutions responsables. Cette modification s’est produite de manière délibérée aux Nations-Unies et fut mise en œuvre par les diplomates américains et canadiens, de concert, en 1946, avant l’adoption de la version finale de la Convention sur le Génocide de 1947.

En effet, cette reconceptualisation historique du génocide à la fois en notion de droit, mais aussi dans la conscience populaire, a été un facteur clé pour créer la culture actuelle de génocide normalisé au Canada; une culture qui a permis le camouflage et la continuation de ce crime contre l’humanité.

Redéfinir le génocide : le verre correcteur ultime

Par génocide nous voulons dire la destruction d’une nation ou d’un groupe ethnique.” ~ Raphael Lemkin, 1944 ~

Génocide veut dire n’importe lequel de ces actes avec l’intention de détruire… un groupe national, ethnique, racial ou religieux.” ~ Convention sur le Crime de génocide de l’ONU, 1948 ~

Un réfugié juif polonais, Raphael Lemkin, a perdu plus de 50 membres de sa famille dans les camps de la mort nazis pendant la seconde guerre mondiale. Après s’être enfui aux États-Unis en 1943, Lemkin, un juriste, aida à la composition de la déclaration de Nüremberg et dans les conventions pour les droits de l’Homme de l’après seconde guerre mondiale, incluant la souvent citée mais peu souvent appliquée Convention des Nations-Unies sur le Crime de Génocide (1948).

Lemkin a une vue très large du crime. Dans son livre de 1944, “La règle de l’axe en Europe occupée”, il écrivit:

De manière générale, le génocide ne veut pas nécessairement dire la destruction immédiate d’une nation, sauf quand c’est fait par l’assassinat de masse de tous ses membres. C’est plutôt une tentative de signifier un plan coordonné de différentes actions visant à la destruction des fondations essentielles de la vie de groupes nationaux avec pour objectif d’annihiler les groupes eux-mêmes.

Pour Lemkin tout ce que fait un groupe conquérant à un groupe conquis et qui essaie de provoquer son éventuelle chute est génocide, incluant l’interdiction de leurs langues, la perturbation de leurs schémas familiaux normaux ou en plaçant les enfants du groupe conquis dans les foyers d’autres de façon à ce que ces enfants oublient qui ils sont vraiment.

Bien évidemment, cette façon large de voir le crime créa d’énormes problèmes potentiels pour les nations qui conquirent l’Allemagne nazie, incluant le Canada et les Etats-Unis, qui pendant des siècles, avaient aussi pratiqué l’éradication systémique contre les nations indigènes à travers leur propre sous-continent de l’Amérique du Nord. Donc, de manière très peu surprenante, la compréhension très large de Lemkin du génocide ne survivra pas à la réalité politique de l’après-guerre. Grâce aux pressions émises par les diplomates canadiens et américains à l’ONU, le génocide fut fondamentalement redéfini de deux façons:

  1. Il ne s’attachait plus seulement aux actions mais à l’intention
  2. Il signifiait primordialement l’assassinat physique d’un peuple.

Cette nouvelle compréhension du génocide ne mît plus l’accès sur ces aspects du crime qui pourraient mener à la mise en accusation de gouvernements occidentaux et leurs associés des églises, ceci incluant ce qu’il se produisait toujours avec les pensionnats autochtones au Canada et aux États-Unis, mais aussi en Australie, en Afrique du Sud et en Nouvelle-Zélande, ainsi que dans de nombreux autres états (NdT: dont Israël par exemple dès 1947-48 et le début de la Nakba en Palestine…).

Les efforts vieux de plusieurs siècles de chaque gouvernement européen et nord-américain et leurs églises chrétiennes d’éliminer le langage des peuples autochtones, leur identité et leur idée de nation, leur souveraineté, tombaient très clairement sous le coup de la définition de Lemkin pour le génocide. […] Parce que ce crime émergeait de la fabrique philosophique et religieuse de la culture européenne, et commençait plus spécifiquement avec la montée de l’empire chrétien (NdT: le dominorum christianorum des bulles pontificales du XVème siècle…) ou chrétienté dès le 4ème siècle, de fait la culture “occidentale” dans son entièreté était mise en accusation par la compréhension de Lemkin du génocide.

Pour citer l’écrivain Richard Rubenstein: “La culture qui a rendu les camps de la mort nazis possibles ne fut pas seulement indigène à l’occident, mais fut un résultat de sa tradition religieuse fondamentale qui insiste sur la division dichotomique de l’humanité entre les élus et les non-élus.

“La tradition religieuse” à laquelle se réfère Rubenstein a émergé d’une culture gréco-judéo-chrétienne qui mettait sur le même plan la foi religieuse de quelqu’un avec la conquête et la destruction des autres peuples. Ses deux racines principales sont dans la bible hébraïque et dans la philosophie grecque, qui furent toutes deux fondamentales à la formation de l’église catholique romaine et de la culture qu’elle engendra et qui finit par former à terme les Nations-Unies.

Lemkin avait originellement définit le génocide comme tout acte causant l’éventuelle destruction d’un peuple, incluant les efforts d’éradiquer le langage, la culture, la nationalité d’un peuple, aussi bien que de le déplacer de sa terre natale, une définition qui s’appliquerait très facilement au traitement nord-américain des peuples autochtones. Armé de cette large vision, Lemkin écrivit un “brouillon de déclaration” initial en Octobre 1946 et gagna le soutien du Conseil Économique et social de l’ONU de la part de Cuba, de l’Inde et du Panama.

[…] Quelque part entre octobre 1946 et le 11 décembre de la même année, une nouvelle version de la déclaration vit le jour, un sous-comité altéra la définition du génocide fournie par Lemkin de façon à la rendre inapplicable aux crimes se déroulant intra-muros des pays d’Amérique du Nord et d’autres pays et de faire glisser l’emphase du document de l’ONU et de sa définition du génocide de l’action elle-même à l’intentionnalité. Le président du sous-comité responsable était Charles Fahy, un avocat pour le ministère des Affaires Étrangères des États-Unis et le délégué américain d’une commission pour essayer de changer le mot “génocide” en ce terme plus vague légalement que serait le mot “extermination”, une tentative qui échoua.

Bref, le Canada et les États-Unis, avec le soutien de la Grande-Bretagne, voulurent rendre la Convention non seulement inapplicable à leurs nations et à leurs propres actes de génocide, mais qu’elle ne demeure qu’une déclaration générale qui pourrait ne pas être mis en vigueur dans leurs systèmes domestiques politico-légaux.

[…] Par génocide nous comprenons la destruction d’une nation ou d’un groupe ethnique

Dans la Convention finale sur le génocide passée par l’Assemblée Générale des Nations-Unies, la déclaration de Lemkin fut altérée pour dire ceci:

Au sein de la présente Convention, le génocide veut dire quelques actes de la liste suivante commis avec la même intention de détruire en partie ou en totalité, un groupe ethnique, national, racial ou religieux.”

[…] Le gouvernement canadien saisit alors un avantage immédiat de cette nouvelle version restreinte et émasculée de la Convention de l’ONU sur le génocide, ceci pour s’assurer que même ce document dilué ne pourrait jamais s’appliquer à ses propres actions dans les limites de ses frontières.

[…] Sans surprise, tout en ratifiant la convention sur le génocide “par principe” en 1952, le Canada ne passa aucune législation reliée à la Convention et n’en fit rien pendant près d’un demi-siècle, jusqu’au printemps 2000.

Mais cette loi, intitulée “Crimes Against Humanity Act” interdit en fait toute mise en accusation de tout crime de génocide s’étant déroulé au Canada si cela avait eu lieu avant l’an 2000 (NdT: pas d’effet rétroactif donc…), empêchant ainsi toute mise en accusation et constitution de parties civiles pour le génocide ayant eu lieu dans les pensionnats pour Indiens, dont le dernier ferma ses portes en 1996. Par le moyen de ces actions se favorisant lui-même, le Canada s’est protégé de manière consistante de toute mise en accusation pour des actions dans le pays qui clairement étaient des actes génocidaires, comme le transfert d’enfants à un autre groupe ethnique, la prévention des naissances, provoquer la mort et la destruction à long terme d’un groupe et bien d’autres actions qui furent planifiés et se déroulèrent durant toute l’existence du système de pensionnats pour Indiens.

Il n’est pas ainsi du tout surprenant que le public canadien en général n’ait pas été capable de reconnaître que ce qui s’est passé concernant les enfants autochtones dans ces instituts, constitue un acte de génocide, car sa compréhension de ce dernier a été conditionné pour justement ne pas le reconnaître lorsque cela se passe dans son propre pays.

Quoi qu’il en soit, cette attitude ne diminue ni ne restreint en rien la culpabilité et la responsabilité pénale du Canada et de ses églises chrétiennes pour leurs crimes prouvés contre l’humanité. Sous le coup de lois nationales, le génocide était de fait légal au Canada, comme il le fut en Allemagne nazie. Mais sous le principe de la justice “post ipso facto” employé et établi dans les tribunaux de Nüremberg après la seconde guerre mondiale, même si le crime était légal dans un pays au moment où les actes furent commis, cela constitue au demeurant un crime sous le coup de la loi internationale et doit être poursuivi. De manière générale, ces exemples vont loin dans la démonstration que le génocide normatif n’est pas seulement une affaire de coutume légale et de langage ; car en tant que système hégémonique de contrôle, il est invisible pour ses participants, qu’ils soient les conquérants ou les nations dominées.

Ceci constitue de fait l’expérience de génocide au Canada et comment cette destruction continue à ce jour.

 Note de Résistance 71 : S’ensuit ici 4 pages de notes et de références.

A suivre…

=*=

Nous pouvons faire tomber cet Empire ;

Pour citer l’écrivain Richard Rubenstein : “La culture qui a rendu les camps de la mort nazis possibles ne fut pas seulement indigène à l’occident, mais fut un résultat de sa tradition religieuse fondamentale qui insiste sur la division dichotomique de l’humanité entre les élus et les non-élus.”

Ici & Maintenant ;

En relayant partout, et au plus de gens possible,

ce contre rapport intitulé « Meurtre Par Décret »…

JBL1960

5 réflexions sur « Que la vérité soit tue ! »

  1. Tenez, la preuve que la lettre « Crimen Sollicitationis » pour sauver le Barbarin dans l’affaire Preynat est toujours valide = http://www.lepoint.fr/justice/affaire-barbarin-l-enquete-pour-non-denonciation-classee-sans-suite-01-08-2016-2058406_2386.php
    Merci à gnafron sur le fil des com des Moutons Enragés.
    Et pour ceux qui pensent que c’est vieux tout ça et qu’il faut « pardonner » mais surtout quand notre Moi Zident prétend que « Tuer un prêtre c’est profaner la République ».
    Tuer des Natifs, les violer, les stériliser, les torturer comme cela est dit dans ce billet c’est quoi ? C’est pour leur bien ?
    JBL

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