L’État à abattre…

L’Éveil, c’est réaliser et abattre le plus grand fléau de l’humanité :

Le Colonialisme et ce par quoi il arrive : l’État !

Pour comprendre cet article de Logan Glitterbomb intitulé ;

« Le Kurdistan comme société anarchiste »

Vous pouvez en préambule lire ces billets ;

Dans la Vallée du Rojava -1-

Dans la Vallée du Rojava -2-

Qui traitent du Manifeste pour un Confédéralisme Démocratique à l’appel d’Abdullah Ocalan ;

Abdullah Ocalan est un militant et activiste indépendantiste kurde né en Turquie en 1948. Il est le fondateur du Parti Ouvrier Kurde, de ses initiales plus connues de PKK en 1978, parti en lutte contre la Turquie et la Syrie pour un regain de souveraineté. Originellement marxiste-léniniste, Ocalan a transformé sa pensée et sa ligne politique vers une pratique plus libertaire et a renoncé lui et le PKK, au credo et sectarisme marxiste-léniniste à la fin des années 90.

Réfugié, hébergé puis chassé de Syrie par Hafez al-Assad, Ocalan a été enlevé en 1998 au Kenya par les services de renseignement turcs (MIT) avec l’aide de la CIA et exfiltré en Turquie.

Condamné à mort, sa peine fut commuée en détention à vie en QHS. Il est enfermé sur l’île prison d’Imrali en Mer de Marmara. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont en 2011 ce manifeste pour le confédéralisme démocratique, idée qu’il a développée d’après la pensée et la pratique du municipalisme libertaire et écologique de l’anarchiste et ex-marxiste américain Murray Bookchin (décédé en 2006) dont l’œuvre est continuée par sa compagne Janet Biehl, qui a séjourné au Rojava syrien.

Traduit et publié par Résistance71 ;

https://resistance71.wordpress.com/2016/06/03/changement-de-paradigme-la-revolution-anarchiste-kurde-en-turquie-et-au-rojava-syrien/

Url de l’article original en Anglais ; https://c4ss.org/content/44788

Le Kurdistan comme société anarchiste

Logan Glitterbomb | 30 Avril 2016

Lorsqu’on regarde l’histoire pour des exemples d’établissement de sociétés anarchistes, nous pensons souvent aux anarchistes espagnols de Catalogne de 1936, ou aux efforts de l’armée zapatiste au Mexique. Ceci est un exemple de groupes utilisant des tactiques de conflits révolutionnaires armés contre l’État et le capitalisme dans une tentative d’établir une société autonome sans État ici et maintenant. Tandis que la Catalogne (et l’Espagne) anarchiste fut éventuellement écrasée par des forces extérieures, les Zapatistes du Mexique continuent leur lutte, tout en utilisant des méthodes différentes qu’auparavant.

Note de Résistance 71: Il faut ici constater une chose: il ne suffit pas de comprendre et d’analyser seulement des mouvements anarchistes “modernes”, mais aussi d’analyser ce que l’anthropologie politique a appelé les “sociétés primitives” ou sociétés originelles, qui au-delà du temps et des continents, des sociétés amérindiennes, aux sociétés aborigènes d’Australie, en passant par les sociétés celtiques européennes et traditionnelles africaines, et pour finir avec les sociétés de Zomia en Asie du Sud-Est (couvrant les hauts plateaux du Laos, de la Thaïlande, de la Birmanie et quelques provinces chinoises) étaient et sont toutes non seulement des sociétés sans État, mais comme l’a si bien analysé l’anthropologue Pierre Clastres, des sociétés contre l’État qu’elles refusent, tout comme Marcel Mauss en 1925 avait déterminé que ces sociétés étaient aussi contre l’économie et fonctionnaient essentiellement sur le principe ritualisé du don et de la destruction de la richesse accumulée ou perçue comme telle.
Ce qu’il est donc essentiel de comprendre est que ce que nous appelons “anarchie”, mode de fonctionnement de la société sans autorité et sans pouvoir centralisé, n’est non seulement pas nouveau, mais a été le mode de fonctionnement des sociétés humaines pendant des millénaires, avant l’apparition du cancer politico-social qu’est l’État. Nos ancêtres ne l’appelaient simplement pas “anarchie” voilà tout.

Et puis il y a le Partiya Karkerên Kurdistanê (Le Parti des Travailleurs du Kurdistan mieux connu sous son sigle de PKK). Anciennement un parti politique marxiste-léniniste qui s’est battu pour établir un état kurde indépendant appelé le Kurdistan, ce parti sous le leadership d’Abdullah Ocalan, a changé de plateforme politique et de stratégie. Depuis qu’Ocalan est emprisonné en Turquie, il a correspondu avec l’anarchiste américain Murray Bookchin et fut profondément influencé par sa philosophie du municipalisme libertaire. Il a appelé le PKK à adopter la plateforme du Confédéralisme Démocratique et a abandonné sa revendication pour la création d’un état kurde, se faisant en lieu et place l’avocat d’une société sans État.

Le Confédéralisme Démocratique est une structure politique consistant en une confédération de communautés autonomes et indépendantes travaillant ensemble de manière donc confédérée sur la base de la démocratie participatrice directe au niveau local, mettant en place une écologie sociale et un féminisme anarchiste. D’après Ocalan: “le confédéralisme démocratique est ouvert vers d’autres groupes et factions politiques. Il est flexible, multi-culturel, anti-monopole et orienté sur la décision consensuelle.” Ces communautés autonomes sont construites sur les valeurs communalistes et les ressources qui sont partagées entre tous, rendant ainsi l’impôt et la redistribution forcée des ressources, biens et richesses inutiles et obsolètes.

Ils se concentrent sur la création de leur propre système, ignorant totalement l’État dans leur processus de prise de décisions. Ils ne voient aucune nécessité révolutionnaire ni aucune viabilité dans un renversement armé de l’État mais se font au lieu de cela les avocats d’une évacuation pacifique et d’une dissolution graduelle de l’État alors que les communautés locales construisent leur propre système politique pour le remplacer. Néanmoins, ils reconnaissant que l’État et d’autres groupes vont riposter au moyen de la violence et que l’auto-défense est une nécessité. C’est pourquoi les communautés maintiennent un certain nombre de milices populaires décentralisées telles les Yekîneyên Parastina Gel‎ (Les Unités de Protection Populaires, plus connues sous leur sigle d’YPG) et les Yekîneyên Parastina Jin (Unités de Protection Féminines ou YPJ qui terrorisent les terroristes de l’EIIL dans le nord de la Syrie…). Ces efforts sont financés par les communautés au moyen d’évènements culturels, de concerts, de fêtes, de levées de fonds et de commerces indépendants, rendant ce modèle un véritable modèle d’agorisme fonctionnel.

Le modèle de milices YPG/YPJ a remporté énormément de succès jusqu’ici, brisant les lignes de l’EI/Daesh pour sauver des milliers de personnes du peuple Yazidi, un peuple souvent haï et condamné comme des “adorateurs de satan” par l’essentiel de la communauté musulmane, lorsqu’ils furent encerclés sur le Mont Sinjar dans le nord de l’Irak. Egalement, malgré de nombreuses pertes, ces milices populaires défendirent avec succès la ville de Kobané au Rojava syrien lorsque l’EIIL lança un assaut total sur la ville utilisant des chars, des missiles et même des drones. (NdT: d’où vient cet équipement sophistiqué aux mains de l‘EI ? Des Américains via la Turquie, avec une instruction et logistique franco-saudo-israélo-américano-britannique…)

Cette philosophie et ces actions de groupes ont déjà inspiré d’autres à travers le monde pour aider dans la lutte et des socialistes, communalistes, anarchistes, libertaires sont en train de converger vers la zone pour aider le combat du PKK. Les milices populaires YPG et YPJ sont en ce moment en train de se battre pour sécuriser et maintenir une confédération démocratique autonome kurde contre le gouvernement turc et l’EIIL et espèrent pouvoir répandre la philosophie appliquée bien au-delà d’un Kurdistan indépendant sans État. Le PKK a l’espoir que des révolutions de travailleurs unis en confédérations démocratiques se répandront à travers le monde de la même façon que la révolution marxiste-léniniste (NdT: fausse “révolution” renforçant les pouvoirs autoritaires étatiques et de marché. Lénine, comme Marx n’a jamais remis en cause le système de “marché”, il n’a fait qu’instaurer un capitalisme d’État totalitaire et super centralisé, alors même que le premier soviet créé à St Petersbourg en 1905, le fut sur un mode anarchiste. Le “pouvoir aux soviets” que Lénine a trahi dès 1918, était le pouvoir aux conseils ouvriers appelant au confédéralisme… Ocalan s’en est rendu compte et a changé de cap pour embrasser la seule voie populaire et égalitaire possible: la confédération des communes libres qu’il a appelé le Confédéralisme Démocratique) le fit dans le passé. Mais cette fois-ci, ils pensent y parvenir par des moyens bien plus anarchistes. Ce qui se déroule devant nos yeux est une REVOLUTION ANARCHISTE.

Note de Résistance 71: Cet excellent texte nous fait si chaud au cœur. Nous avons tenté d’informer au mieux depuis quelques années maintenant sur la révolution anarchiste en cours au Rojava syrien et dans une partie de la Turquie, mais il faut aussi comprendre certaines choses afin de ne pas se réjouir trop vite.

Le peuple kurde est disséminé un peu de la même façon que le sont les Iroquois en Amérique du Nord. Les Kurdes, qui ont habités cette région du monde depuis des temps immémoriaux, à l’instar des Iroquois, se retrouvent séparés et “parqués” dans les frontières de “nations” dont ils n’ont que faire et dont ils ne sont en rien responsables de leur création, à savoir: la Turquie, la Syrie, l’Irak et l’Iran. De ce fait il n’y a pas d’unité kurde, pire même, il y a antagonisme là où il ne devrait pas y en avoir, résultat de la classique stratégie du “diviser pour mieux régner” mise en place par toutes les nations envahisseuses et occupant les sols.

Ainsi, les Kurdes d’Irak sont-ils payés par les Américains et contrôlent la région pétrolière du nord de l’Irak de manière mafieuse. Le mouvement anarchiste du PKK n’a d’influence pour l’heure qu’en Turquie et dans la région nord de la Syrie appelée le Rojava. A l’heure où nous écrivons ces lignes, il y a un plan mis en place d’infiltration et de division des forces kurdes de cette région. Il y a déjà des infiltrés et des traîtres à la cause qui travaillent au grand jour pour que le Confédéralisme Démocratique ne puisse pas continuer. Il est dans l’intérêt des états tels que la Turquie bien sûr, mais aussi la Syrie, les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne pour qu’une telle expérience ne soit jamais un succès. Rappelons-nous de l’Espagne de 1936, la révolution sociale espagnole a été écrasée dans un bain de sang pour préserver avant tout les intérêts des états, ainsi les anarchistes espagnols ont dû lutter non seulement contre les fascistes de Franco aidés par l’Allemagnae nazie et l’Italie fasciste, mais aussi dès 1937 contre les infiltrations du NKVD soviétique dont le pouvoir stalinien voulait éliminer anarchistes et marxistes anti-staliniens représentés en Espagne par les POUM, le tout dans la feinte ignorance de “démocraties” comme la France et le Royaume-Uni, la France fermant ses frontières et parquant les réfugiés espagnols dans des camps en 1939 et durant la première partie de la guerre.

Le Confédéralisme Démocratique kurde est menacé de subir le même sort ! Défendons-le déjà en le faisant plus connaître.

Ce qui se passe au Rojava et en Turquie avec le PKK est d’une IMPORTANCE CAPITALE pour la suite des évènements. Soutenir le PKK et Ocalan aujourd’hui dont la représentante officielle est Asya Abdullah, dont le but n’est pas (plus) de créer un état kurde, mais un confédéralisme démocratique autonome et anti-étatique, ce que quelqu’un comme Thierry Meyssan par exemple, refuse malheureusement de rapporter, puisque pédalant pour les forces étatiques…

A lire sur le sujet pour en savoir plus des turpitudes politiques de l’occident contre les Kurdes, même s’il est important de lire ce que nous avons écrit ci-dessus pour pouvoir aussi désamorcer l’analyse propagandiste conservatrice de Thierry Meyssan sur le sujet:

http://www.voltairenet.org/article192023.html

=*=

Thierry Meyssan en conclusion de son article cité en référence ci-dessus et intitulé ;

Erreur de Washington et de Moscou

Affirme ceci ;

C’est ce programme que la France s’était engagée, en 2011, à conduire avec la Turquie, en limitant les massacres. Selon un Traité secret signé par les ministres des Affaires étrangères de l’époque, Alain Juppé et Ahmet Davutoğlu, Paris et Ankara devaient créer un nouvel État en Syrie pour y expulser les Kurdes du PKK. C’est cet accord que François Hollande s’était engagé à appliquer en organisant à l’Élysée la rencontre Erdoğan-Muslim. Et c’est cet accord que, sans le savoir, Washington et Moscou sont en train de réaliser.

Comment croire, un instant, à l’affirmation de la dernière phrase.

Car elle sous entend que la France et la Turquie, à la barbe de Dame Kékel, mèneraient Washington et Moscou par le bout du nez !

Vraiment, Washington et Moscou, réaliserait sans le savoir un accord signé en secret entre Paris et Ankara.

La Nation Exceptionnelle et Indispensable capable de cela tout de même ; https://resistance71.wordpress.com/2016/04/30/11-septembre-nucleaire-28-pages-manquantes-arabie-saoudite-israel-et-la-connexion-allemande-du-terrorisme-international/

Nous pouvons continuer de nous voiler la face.

Ou bien réfléchir à un Confédéralisme Démocratique en lien avec les Kurdes syriens du Rojava, le Mouvement Zapatiste, les MNN et autres Natifs et Peuples premiers de la Terre, et nous

C’est à nous de voir !

JBL1960

5 réflexions sur « L’État à abattre… »

  1. Comment défendre et promouvoir les Kurdes alors même qu’ils sont responsables d’un véritable nettoyage ethnique, ce sont des racistes : ils libèrent les villes, ensuite s’en prennent aux populations de ces mêmes villes en leur reprochant les pertes qu’ils ont subi pendant la libération de la villes, rasent toutes les maisons, écoles etc et dégagent les populations arabes qui y vivaient et si ces derniers résistent, ils les menacent de les balancer à la « coalition internationale » comme quoi ils hébergent des terroristes et de ce fait, leurs villes se feront bombarder. Donc, ils n’ont pas le choix et partent … Si ça ce n’est pas un nettoyage ethnique, ça s’appelle comment ??? El-Assad et Erdogan n’avait peut-être pas si tort que ça … De plus, ils sont soutenus par la « coalition » alors tout s’explique … Non mais franchement, ils ne créent pas une société parallèle en s’en fichant de l’Etat et ne sont pas multi-culturel comme indiqué dans ce poste : ils libèrent les villes de l’EI pour ensuite virer les populations dans le but de s’emparer du territoire !!!
    J’oubliais : cf rapport d’Amnesty International sur le nettoyage ethnique des Kurdes avec photos à l’appui.
    Je croyais que vous promouvais un changement de société non-violent ???

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    1. Oui, je promeus autant que je peux un changement de paradigme non-violent, et en aucun cas je ne défends la mouvance kurdes qui pratique le nettoyage ethnique. Je promeus l’appel au confédéralisme démocratique des kurdes syriens comme il est tenté dans la vallée du Rojava et rien d’autre. C’est bien mal me connaitre que d’imaginer autre chose. Je relève aussi souvent que possible, les communiqués du mouvement Zapatiste qui dernièrement ont indiqué avoir profondément modifié le rapport aux armes. Pour moi c’est ni dieu ni maître sans arme ni haine ni violence. Rien de plus, mais rien de moi. Je me permets d’aller chercher un billet qui explique cela et vous le collerai pour attester mes dires ; Il y a de nombreuses factions Kurdes, c’est cela qu’il faut bien comprendre. @+ Jo

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    2. Voilà, raspou, ce que modestement je relaie comme une avancée et récemment sur Les Moutons Enragés, un intervenant avait mis en lien une émission sur l’expérience tentée au Rojava et elle correspondait en tous points à ce billet = https://jbl1960blog.wordpress.com/2016/03/28/dans-la-vallee-du-rojava-1/ Il est facile de déstabiliser toute tentative d’émancipation, surtout dans cette région. J’essaie de semer les graines du futur et quand d’autres s’y emploie avec ténacité je leur accorder mon attention avant de juger. Je vous mets la seconde partie en suivant ; JBL

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  2. Pour lever tout doute, sur l’attention que beaucoup portons à l’appel au confédéralisme démocratique des Kurdes syriens dans la Vallée du Rojava et à rien d’autre, voici un lien vers Résistance71 qui précise très clairement cette position = https://resistance71.wordpress.com/2016/03/10/resistance-politique-lautonomie-democratique-kurde-le-pkk-du-marxisme-obsolete-au-confederalisme-democratique-1ere-partie/
    Préambule de R71 = Nous nous concentrons en ce moment à présenter plus avant la révolution sociale en cours depuis 2005 dans le Kurdistan du nord-syrien, la province du Rojava. Le PKK (Parti des Travailleurs Kurdes) est passé à la fin des années 1990 d’une ligne marxiste pure obsolète, à une ligne anarchiste que son fondateur emprisonné Abdullah Ocalan a appelé le « Confédéralisme Démocratique ». Nous avons déjà traité du sujet sur ce blog et avons mentionné la similitude du mouvement confédéral kurde issu du PKK avec le mouvement zapatiste du Chiapas au Mexique et l’EZLN, ainsi qu’avec l’ensemble des mouvements de lutte amérindiens.

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