Et l’on croirait ce texte écrit hier, pour l’Acte XXIX des Gilets Jaunes qui se tient aujourd’hui, encore, 1er juin 2019…
Cependant qu’il s’adresse à toute personne, avec ou sans Gilet Jaune, déterminée à changer le cours de l’Histoire de l’Humanité et après lecture de la Déclaration de principes du Groupe Communiste-Anarchiste, Lisbonne, 1887 avec Malatesta, on passe de la Théorie à la pratique anarchiste (version PDF N° 32 de 55 pages) pour peu que l’on conscientise, comme l’a finalement fait Malatesta, cette nécessité à vaincre l’inertie de départ, d’impulser la poussée primordiale, non violente afin d’enclencher un nouveau paradigme en lien avec les peuples autochtones de tous les continents et selon, par exemple, ce cheminement de pensée ;
Prise de conscience individuelle ► prise de conscience collective ► boycott et organisation parallèle ► désobéissance civile ► réorganisation politico-sociale ► changement de paradigme
Et pour initier cette Société des sociétés, comprendre que TOUT n’est pas à réinventer, à réécrire, juste changer radicalement notre mode pensée car nous avons bien compris, comme le disait Einstein qu’On ne peut pas résoudre un problème en gardant le même processus mental » (si pour beaucoup d’entre nous, nous sommes des Sans-dents, pour autant nous ne sommes pas sans-cerveau, et l’on s’en sert).
Il nous suffit de dépoussiérer les textes, comme ceux d’Errico Malatesta, Bakounine, Kropotkine, d’en extraire le meilleur du meilleur, les étudier et en adapter, avec un processus mental différent, ce qui peut l’être, les intégrer dans notre réflexion et surtout les conscientiser pour des actions directes efficaces, hors État et ses institutions car il n’est pas question d’en faire une application Per se ! Notamment parce que Malatesta au départ avait la conviction que rien ne pourrait se faire sans une insurrection qui mettra à bas le système. Il fait élire dans le programme de l’UAI en 1920 que « la seule voie qui reste au peuple qui veut s’émanciper est d’opposer la force à la force »…
Or, ce nouveau texte de Malatesta, que traduit Résistance 71, de manière inédite je crois, en français, témoigne de sa propre évolution de pensée et voici ce que précise à notre attention R71 en préambule : En 1899, Malatesta était toujours un défenseur de la “propagande par le fait”, c’est à dire de la violence ciblée pour faire avancer l’Idée. 20 ans plus tard, il avait sérieusement mis de l’eau dans son vin, comprenant que cela était sans doute plus au détriment de la cause de la révolution sociale qu’en sa faveur. Nous ne sommes pas en faveur de la violence, mais demeurons convaincu de la nécessité de la légitime défense.
Malatesta, comme Paulo Freire 70 ans plus tard le démontrera spécifiquement dans sa Pédagogie des opprimés, conscientise que les opprimés du moment peuvent devenir les oppresseurs de demain s’ils restent dans le ressentiment dans lequel tous pouvoirs coercitifs les maintient en esclavage pour leur seul profit et comprend que pour s’émanciper les peuples ont d’autres voies que celle d’opposer la force à la force brute ;
L’Éducation, notamment, comme pratique de la liberté pour nous amener, pas à pas vers (l’inévitable) anarchie…
Vers l’anarchie – Errico Malatesta
Publié dans “La questione sociale” de décembre 1899 et traduit de l’anglais par Résistance 71 dans Analyse et vision politique de changement radical de société… Pas à pas vers l’anarchie (Errico Malatesta) en Mai 2019
On pense généralement que nous, parce que nous nous disons révolutionnaires, nous attendons que l’anarchie arrive d’un seul coup, comme le résultat immédiat d’une insurrection qui attaque violemment tout ce qui existe et le remplace avec de toutes nouvelles institutions. Pour dire la vérité, une telle idée ne manque pas chez certains compagnons qui conçoivent aussi la révolution de la sorte.
Ce préjugé explique pourquoi tant d’opposants honnêtes pensent l’anarchie être impossible et explique aussi pourquoi certains compagnons, écœurés par la condition morale actuelle du peuple et voyant que l’anarchie ne peut pas se réaliser bientôt, navigue entre un dogmatisme extrême qui les aveugle des réalités de la vie et un opportunisme qui leur fait pratiquement oublier qu’ils sont anarchistes et que l’anarchie est ce pour quoi ils doivent lutter.
Bien sûr le triomphe de l’anarchie ne peut pas être la conséquence d’un miracle, il ne peut pas survenir en contradiction avec les lois du développement (un axiome de l’évolution qui dit que rien ne peut se produire sans une causalité suffisante) et que rien ne peut être accompli sans les moyens adéquats.
Si nous voulions substituer un gouvernement pour un autre, qui impose ses désirs aux autres, on n’aurait qu’à combiner les forces matérielles dont on a besoin pour résister aux oppresseurs actuels et nous mettre ensuite à leur place.
Mais nous ne voulons pas cela ; nous voulons l’anarchie qui est une société fondée sur l’accord libre et volontaire, une société dans laquelle personne ne peut forcer ses désirs sur les autres et où chacun peut faire comme bon lui semble et réunir ensemble toute la volonté libre pour le bien-être de la communauté. À cause de cela, l’anarchie ne connaîtra pas un triomphe universel et définitif tant que les Hommes ne voudrons pas seulement ne plus être commandés mais aussi ne voudrons plus commander ; l’anarchie ne viendra pas à moins qu’ils comprennent les avantages de la solidarité et ne saurons pas comment organiser un plan de vie sociale au sein duquel il n’y aura plus aucune trace de violence, de coercition et d’imposition de quoi que ce soit.
Alors que la conscience, la détermination et la capacité des hommes se développent continuellement et trouve des moyens d’expression dans la modification graduelle du nouvel environnement et dans la réalisation des désirs en proportion de leur être formé, ainsi en est-il de l’anarchie. L’anarchie ne peut venir que petit à petit, doucement mais sûrement, croissante en intensité et en extension.
Ainsi le sujet n’est pas peut-on arriver à l’anarchie aujourd’hui, demain ou dans dix siècles, mais que nous marchions vers l’anarchie aujourd’hui, demain et toujours. L’anarchie est l’abolition de l’exploitation et de l’oppression de l’Homme par l’Homme, c’est à dire l’abolition de la propriété privée et du gouvernement ; l’anarchie c’est la destruction de la misère, des superstitions, de la haine. Donc, tout coup porté contre les institutions de la propriété privée et le gouvernement, toute exaltation de la conscience humaine, tout dérangement des conditions présentes, tout mensonge démasqué, toute augmentation de l’esprit de solidarité et d’initiative, sont des pas supplémentaires vers la réalisation de l’anarchie.
Le problème réside dans le comment choisir le chemin qui nous rapproche vraiment de l’idéal et de ne pas rendre confus le véritable processus de réalisation avec des réformes hypocrites. Car avec le prétexte d’obtenir des améliorations immédiates, ces fausses réformes tendent à distraire les masses de la lutte contre l’autorité et le capitalisme ; elles servent à paralyser leurs actions et les font espérer en quelque chose à obtenir par la bonté et la bonne volonté des exploiteurs et des gouvernements. Le problème réside en savoir comment utiliser le peu de pouvoir que nous avons, que nous gagnons sans cesse, de la manière la plus économique et la plus avantageuse pour notre objectif.
Il y a dans chaque pays un gouvernement qui, avec force brutale, impose ses lois sur tout le monde ; il force tout le monde à être sujet de l’exploitation et de maintenir, que les gens aiment ou pas, les institutions existantes. Il interdit aux groupes minoritaires d’actualiser leurs idées et empêche les organisations sociales en général, de se modifier en accord et avec les modifications de l’opinion publique. Le cours normal pacifique de l’évolution est arrêté par la violence et donc avec la violence est-il nécessaire de rouvrir le cours de cette évolution. C’est pour cette raison que nous voulons une révolution violente aujourd’hui et que nous la désirerons toujours, aussi longtemps que l’Homme est soumis à l’imposition de choses qui vont à l’encontre de ses désirs naturels. Retirez la violence gouvernementale et la nôtre n’aura absolument plus aucune raison d’être.
Nous ne pouvons pas encore renverser les gouvernements établis ; peut-être demain depuis les ruines du gouvernement actuel, nous ne pourrons pas empêcher un autre similaire de venir. Mais ceci ne nous décourage en rien, ni aujourd’hui, ni demain, car résister à quelque forme d’autorité que ce soit, refuser toujours de se soumettre à ses lois dès que possible et constamment utiliser la force contre la force est une nécessité.
Chaque affaiblissement de quelque autorité que ce soit, chaque accession à plus de liberté, seront un progrès vers l’anarchie ; toujours à conquérir, jamais à demander, cela doit toujours servir notre plus grande force dans la lutte, nous renforcer, toujours nous faire considérer l’État comme un ennemi avec lequel il n’y a pas de paix possible, cela doit toujours nous rappeler que la diminution des maux du gouvernement consiste en la diminution de sa capacité de pouvoir et non pas en l’augmentation du nombre de dirigeants ou de les choisir pour diriger. Par gouvernement nous voulons dire toute personne ou groupe de personnes dans l’État, le pays, la communauté ou l’association qui ont le droit de faire les lois et de les imposer à ceux qui n’en veulent pas.
Nous ne pouvons pas encore abolir la propriété privée ; nous ne pouvons pas réguler les moyens de production nécessaires pour pouvoir travailler librement ; peut-être ne serons-nous pas capables de le faire dans le prochain mouvement insurrectionnel ; mais cela ne nous empêche pas maintenant, ni dans le futur, de continuellement dénoncer et lutter contre le capitalisme. Chaque victoire, même la plus petite, remportée par les travailleurs contre les exploiteurs, chaque diminution de profits, chaque petite parcelle de richesse prise aux propriétaires particuliers et mis à la disposition de tous, sera un progrès, un pas de plus vers l’anarchie. Toujours ceci doit servir à agrandir les demandes des travailleurs et d’intensifier leur lutte ; toujours ceci doit être accepté comme une victoire sur l’ennemi et non pas une concession pour laquelle nous devons être reconnaissants. Nous devons toujours demeurer fermes dans notre résolution de prendre par la force dès que possible, ces moyens que les propriétaires, protégés par les gouvernements, ont volé aux travailleurs.
Le droit de la force ayant disparu, les moyens de production étant placés sous la gestion de tous ceux qui veulent produire, le reste doit être le fruit d’une évolution pacifique.
Ce ne sera pas encore l’anarchie, ou ce le sera pour ceux qui le veulent et seulement pour ces choses qui peuvent être faites sans la coopération des non-anarchistes. Ceci ne veut pas nécessairement dire que l’idéal de l’anarchie ne fera pas ou peu de progrès, car petit à petit, ses idées s’étendront à toujours plus d’hommes et de femmes et plus de choses seront acceptées et faites jusqu’à ce que cela se soit étendu à toute l’humanité et à toutes manifestations de la vie.
Ayant renversé les gouvernements et toutes les institutions dangereuses existantes défendues avec force, après avoir conquis la liberté complète pour tout le monde et avec elle, le droit de jouir des moyens de production sans lesquels la liberté ne serait qu’un mensonge de plus, et durant le temps où nous luttons pour arriver à ce point, nous n’avons aucune intention de détruire ces choses que nous reconstruirons petit à petit.
Par exemple, les services de distribution de nourriture et de biens de consommation dans la société actuelle. Ceci est mal fait, géré de manière chaotique, à grande perte de matériel et d’énergie et seulement en vue d’intérêts capitalistes de profit, mais d’une manière ou d’une autre, nous devons manger. Il serait absurde de vouloir désorganiser le système de production et de distribution de la nourriture à moins que nous ne pouvions lui substituer quelque chose de meilleur et de plus juste.
Il y a un service postal. Nous avons des milliers de critiques à lui adresser, mais en même temps, nous l’utilisons pour envoyer des lettres et nous continuerons à l’utiliser, souffrant de tous ses maux, jusqu’à ce que nous soyons capables de le remplacer.
Il y a des écoles, mais comment (NdJBL : combien) sont-elles inefficaces. Cependant nous ne permettrons pas à nos enfants de demeurer ignorants, refusant l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. Dans le même temps nous attendons et luttons pour un temps où nous serons capables d’organiser un système modèle d’école qui prendra en compte tout le monde.
De cela, nous pouvons voir que pour parvenir à l’anarchie, la force matérielle n’est pas la seule à mettre en œuvre pour faire la révolution ; il est aussi essentiel que les travailleurs, regroupés dans les branches variées de la production, se placent dans une position qui assurera le bon fonctionnement de la vie sociale, sans l’aide ou le besoin des capitalistes ou des gouvernements.
Nous voyons également que les idéaux anarchistes sont bien loin d’être en contradiction, comme l’affirment ces “socialistes scientifiques” (NdT : les marxistes), des lois de l’évolution prouvées valides par la science ; ils sont un concept qui va parfaitement à ces lois ; ils sont le système expérimental amené du terrain de la recherche à celui de la réalisation sociale.
Je pense sincèrement que RIEN n’est fini, et qu’au contraire, TOUT commence, aussi sous son article R71 vous propose des lectures complémentaires en versions PDF, que j’ai toutes réalisées et que vous pouvez retrouver en totalité, et plus encore, ICI. Aussi je rajoute celles auxquelles ce texte sublime, lumineux et éclairant de Malatesta m’aura immanquablement fait penser ;
- Le Testament moral et politique de Bartolomeo Vanzetti (1927) PDF N° 85 de 30 pages
- Inversion – Pourquoi suis-je anarchiste ? de Zénon dans LES CHRONIQUES DE ZÉNON
- 3 FEMMES ANARCHISTES = Louise Michel, Emma Goldman, Voltairine de Cleyre
Et qui détermine qu’AVEC ou SANS Gilet Jaune nous pouvons nous choisir, NOUS, pour la SOCIÉTÉ DES SOCIÉTÉS
Comme, après le Circus Politicus des Européennes, combien VOTER c’est comme pisser dans un violon et que notre émancipation n’est pas dans une nouvelle élection, mais bien dans une abstention politique active…
Jo Busta Lally