Le passé compliqué

Faute avouée à moitié pardonnée ?

Reconnaitre les faits permettrait d’avancer au moins…

Même pas en rêve « américain » alors ;

L’empire colonial d’Amérique du Nord est-il fondé sur un génocide ou un holocauste ?…

Alors pour les Amérindiens génocide ou holocauste ?

Une fois de plus l’Allemagne fait face à son passé alors que les États-Unis sont incapables de se regarder dans le miroir de l’histoire

 Peter d’Errico |  10 janvier 2017 |  URL de l’article original : https://indiancountrymedianetwork.com/news/opinions/native-american-genocide-holocaust/

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

URL de l’article R71 ► https://resistance71.wordpress.com/2017/01/13/lempire-colonial-damerique-du-nord-est-il-fonde-sur-un-genodice-ou-un-holocauste/

Une fois de plus, l’Allemagne va de l’avant pour confronter et compenser ses crimes historiques, cette fois-ci, il s’agit du génocide colonial en Afrique.

L’Allemagne a commencé le processus d’auto-critique nationale après la seconde guerre mondiale, enquêtant sur les atrocités de son passé nazi et créant des programmes éducatifs à très grande échelle. Confronter l’histoire fut compris comme une part nécessaire de l’avancée du pays.

Beaucoup d’autres pays ont fait les efforts de récupérer des traumatismes causés par la violence officielle. L’United States Institute of Peace Truth Commissions Digital Collection contient des profiles de corps d’enquêtes de nations du monde entier, avec des liens référant aux textes législatifs établissant de telles commissions et les rapports de conclusion de chacune d’entre elles ainsi que leurs recommandations.

Une grande mais très notable omission de la liste de ces pays: Les Etats-Unis d’Amérique. Aucune “commission pour la vérité” ni de “mémorial de l’holocauste” n’ont jamais été entrepris par les USA pour reconnaître, sans parler de “dédommager”, la violence historique contre les peuples autochtones de ce qui est autrement connu (anthropologiquement et historiquement) comme le génocide des autochtones américains.

En fait, le gouvernement des États-Unis a fait bien plus pour reconnaître son rôle dans les génocides des autres pays, que de reconnaître son propre génocide intra muros. Par exemple, lorsque le Brésil a mis en place sa Commission Nationale sur la Vérité pour enquêter sur la répression menée par les forces de sécurité de l’État entre 1964 et 1985, les US ont été d’accord pour déclassifier tout spécialementt des documents sur le Brésil, identifiant, centralisant et analysant des centaines de documents de la CIA, de la défense et du ministère des AE, toujours frappés du sceau du secret, documents s’étalant sur une période allant de 1960 aux années 1980, et ce lorsque les agences de renseignement et militaires américaines assistèrent le Brésil sur son programme de terrorisme d’état.

L’analyse du rapport final brésilien en 2014 par la National Security Archive (une ONG à but non-lucratif rassemblant des journalistes et des universitaires, basée à Washington D.C) a montré qu’il montrait bien plus d’information au sujet du système de répression étatique brésilien, incluant les noms de ceux ayant commis des atrocités, que les États-Unis ne fournirent dans leur rapport sénatorial de 2014 sur la torture officielle des États-Unis

En 2009, le président Obama a signé une soi-disant “lettre d’excuses” aux nations indiennes des États-Unis, dans une déclaration qui fut enfouie dans le fatras de ce que fut la loi d’autorisation de défense ou Defense Authorization Act (NdT : le DAA qui est le Patriot Act 2.0). Peut-être que cela fut approprié, étant donné que le budget de la “défense” fut ponctionné pendant des années afin que ces fonds servent à perpétrer le génocide des Amérindiens et de confiner ceux qui restaient dans des “réserves” (que les nazis citèrent comme modèles pour leurs propres “camps”) . La cérémonie de la signature d’Obama du document était fermée à la presse ; ceci fut en fait bien plus fait pour enterrer plus avant le passé que pour le confronter. La possibilité de dédommagement ne fut même jamais considérée.

Dans le même temps, depuis 1980, le gouvernement des États-Unis a soutenu le Musée Mémorial de l’Holocauste aux États-Unis sis au National Mall. Malgré son nom générique, le musée ne focalise pas du tout sur l’holocauste américain, le génocide des peuples et nations autochtones aux États-Unis, mais sur les efforts d’extermination des juifs par les nazis…

Les collections de la section recherche du musée contiennent des matériels documentant le génocide des peuples autochtones, comme le livre de Benjamin Madley sur le massacre des peuples natifs de ce que nous appelons la Californie, mais le musée ne possède aucune exhibition de l’holocauste des peuples indigènes par les forces gouvernementales des États-Unis. En fait, le musée utilise le mot “holocauste” comme un nom, désignant un évènement historique singulier, plutôt que comme un verbe, désignant une action, un évènement répété, un processus qui s’est produit dans maints endroits et qui continue de se produire. (NdT : Ici d’Errico devrait dire qu’originellement, ceci était prévu, mais que l’AIPAC, lobby sioniste américain, mit d’énormes pressions pour que cela ne se produise pas clamant que cela “dénaturerait l’holocauste des juifs qui doit demeurer unique”, toujours dans ce souci ultime de gagner la compétition victimaire et justifier en permanence la création de l’état juif, génocidaire à son tour, d’Israël…)

Bizarrement, la restriction mise sur le mot “holocauste” pour préserver l’unicité d’un évènement historique menace de minimiser l’intention avouée du musée de “prévenir le génocide”, parce qu’au plus loin dans l’histoire cet évènement se situe et se situera, et toujours moins de sens il aura pour les générations futures. La meilleure chose que ce musée pourrait faire pour l’éducation des citoyens et les leaders du monde, serait de refuser de voir “l’holocauste” être circonscrit à un évènement historique “unique”, et de regarder le processus comme étant en perpétuelle action, un phénomène récurrent dans un monde piloté par de vicieux conflits politiques et religieux et dans lequel les gouvernements le plus souvent ne font qu’aggraver la violence.

La convention de l’ONU sur le génocide établie en 1948 stipule :

“Génocide veut dire un des actes suivants commis avec l’intention de détruire, en partie ou en totalité, un groupe national, ethnique, racial ou religieux en:

  • Tuant les membres du groupe
  • Causant de sérieux dommages physiques ou mentaux aux membres du groupe
  • En infligeant délibérément au groupe des conditions de vie calculées pour qu’il en résulte une destruction physique partielle ou totale
  • Imposant des mesures visant à empêcher les naissances au sein du groupe
  • Transférant de force les enfants du groupe vers un autre groupe

Jusqu’à ce jour, certaines personnes ne sont pas d’accord sur le fait d’appeler “génocide” le génocide par les États-Unis des peuples amérindiens. Même les universitaires ont des problèmes à reconnaître les archives historiques (NdT : ceci s’appelle de la dissonance cognitive, c’est à dire de refuser de croire une chose même preuves à l’appui, parce que cela dérange le confort social et intellectuel auquel l’individu est habitué ; aussi lié au fait de reconnaître qu’on a pu se tromper durant toutes ces années et ainsi promouvoir un faux narratif…). Par exemple, Gary Anderson a écrit “Le nettoyage ethnique et les Indiens”, un livre publié en 2014 constitué de plus de 400 pages, remplies de détails au sujet des principaux acteurs de l’effort états-unien d’éliminer les Indiens et argumentant qu’il ne s’agissait pas d’un génocide !…

Le 29 décembre 1890, les Lakota Miniconjou, campaient avec leur chef Big Foot à Wounded Knee Creek. Ils y furent attaqués par plus de 500 soldats du 7ème de cavalerie (NdT : régiment de Custer), armés de canons Hotchkiss tirant 50 obus à la minute. Le rapport de l’armée fit état de 290 Indiens tués, 90 guerriers et 200 femmes et enfants.

Les archives démontrent sans l’ombre d’un doute que Wounded Knee ne fut en aucun cas un évènement isolé. Si nous ajoutons aux actes de violences la stérilisation forcée des femmes indiennes et le transfert des enfants indiens dans des familles non-autochtones par les agences d’État, alors nous devons en conclure que non seulement l’holocauste américain a bel et bien eu lieu, mais que certains aspects de celui-ci continuent toujours aujourd’hui.

En 2013, Le National Congress of American Indians (NCAI) a passé une résolution en assemblée générale appelant pour l’Institution Smithsonienne américaine de créer un espace au sein du National Museum of the American Indian (NMAI) pour y établir un National American Indian Holocaust Museum (NAIHM)

Cela ne s’est pas produit et devant la susceptibilité des égos américains ainsi que la notion fallacieuse de “l’exceptionnalisme américain”, le NMAI restera sans aucun doute un endroit n’ayant que l’ombre d’une mémoire de l’holocauste. Des plans ont été néanmoins établis, comme ce fut rapporté en janvier 2016 dans le journal du Herald Tribune, qu’un musée de l’Holocauste Nord-Américain serait créé à… Moscou et ce en réponse à la demande du mouvement Idle No More.

Pendant ce temps, l’Allemagne et son ancienne colonie que fut la Namibie, s’empoignent au sujet des conséquences des efforts allemands entre 1904 et 1908 d’exterminer les peuples Herero et Nama dans ce qui était alors appelé la colonie de “L’Allemagne de l’Afrique du Sud-Ouest”. Les leaders Herero et Nama demandent à avoir un rôle dans les négociations car ils ne font aucunement confiance au gouvernement namibien pour les représenter…

Le but des négociations est de déterminer comment l’Allemagne pourra s’excuser et dédommager les peuples pour ses actions. Une chose a dores et déjà été clarifiée par l’envoyé spécial de l’Allemagne : “Ceci sera dûment décrit comme étant un génocide”.