Aux origines de Thanksgiving…

Qui massacre qui ?

Qui commémore quoi ?

En fait c’est ça la bonne question.

La bataille de Little BigHorn tient en quelques phrases ;

Au matin du 25 juin 1876, le général américain George Armstrong Custer tombe dans une embuscade tendue par 2500 guerriers sioux aux ordres du chef Sitting Bull.

Celui-ci n’était pas présent sur le champ de bataille mais il avait convaincu ses hommes de l’opportunité de l’attaque après avoir lui-même exécuté une danse extatique.

Les 285 hommes du détachement de cavalerie se font proprement massacrer par les Indiens près de la rivière de Little Bighorn, dans le Montana.

Cet épisode cruel des guerres indiennes va profondément bouleverser l’opinion américaine en raison de la mort, non des Indiens mais de ceux qui avaient mission de les tuer.

En fait, l’horreur vient du fait, que ce ne sont pas ceux qui devaient logiquement mourir ce jour-là, qui furent décimés.

Mais, déjà en 1637, soit 239 ans plus tôt, avait eut lieu une répétition générale avec le massacre des indiens Péquots ;

Le 26 mai 1637, en Nouvelle-Angleterre, la colonie du Connecticut ordonne des représailles suite au massacre de quelques fermiers par les Indiens locaux.

Le capitaine John Mason réunit 90 hommes. Il attaque par surprise et incendie le camp principal des Indiens Péquots. Six cents hommes, femmes et enfants périssent en une heure. Les assaillants n’éprouvent aucune perte.

J’ai déjà parlé ici et dans ce billet ; À l’ouest rien de nouveau…  Du fait qu’Hitler s’était inspiré du « modèle » anglais et américain dans la technique d’extermination des amérindiens. Et que cette inspiration si peu flatteuse est mise sous le boisseau.

Pourtant, l’assertion « Tuer l’indien pour sauver l’Homme » prononcé par le Capitaine Richard Pratt, fondateur de l’école pensionnat pour Indiens Carlisle, 1892 ne doit pas être minimisée.

Alors qu’aujourd’hui, nous savons ce que représente en réalité Thanksgiving, voici ce qu’on peut lire en définition ;

Ce jour de fête nationale s’ancre également dans l’histoire. En 1621, les premiers pèlerins européens ou colons du Mayflower instaurent ce rite pour remercier les Indiens.

Alors qu’en fait, 1621 correspond pile poil au début des « Guerres Indiennes » : nom donné à toute une série de conflits armés entre les Indiens autochtones et les colons Européens, au cours de la période d’exploration et de colonisation, puis aux 65 conflits armés ayant opposé ces peuples Indiens d’Amérique du Nord aux Américains, de 1778 à 1890. Cependant cette expression est trompeuse dans le sens qu’elle peut suggérer que les Amérindiens formaient un bloc combattant uni contre les États-Unis, alors qu’il n’en est rien.

En réalité, les guerres Indiennes ont commencé en 1540 quand les conquistadors de Vazquez de Coronado s’affrontèrent aux guerriers Zuni du pueblo d’Hawikuh. Les guerres cessèrent trois siècles et demi plus tard, en 1890, quand les troupes de l’U.S. Cavalry anéantirent la bande Sioux de Big Foot à Wounded Knee.

Mais, l’action de grâce dit « Thanksgiving » se « fête » bien depuis 1621 et il s’agissait bien de remercier Dieu d’avoir tuer l’indien pour sauver l’Homme.

Je vous recommande ici, la lecture de ce billet ;  Ni Australia Day, ni Thanksgiving.

Je vous invite à lire la publication de R71 sur son blog sous le titre ; Résistance au colonialisme : Un peu d’histoire amérindienne… Et analyse d’une complaisance littéraire.

R71 a traduit l’article de Alysa Landry du 26/5/2014 publié sur Indian Country Today  sous le titre : Histoire amérindienne: Jour de commémoration, le massacre des Péquots se produisit en 1637 en précisant toutefois plusieurs choses ;

L’article que nous avons traduit ci-dessous est intéressant à nos yeux à deux titres :
1- Il éclaire sur une période pas ou très peu connue du début de l’histoire coloniale de l’Amérique du Nord…
2- Il éclaire également sur une méthodologie narrative qu’on peut légitimement soupçonner de complaisante avec le système colonial toujours en place. En effet, l’auteure tout en dénonçant des malversations coloniales, sème également une sémantique de soumission à l’état colonial toujours en place aux États-Unis et au Canada. Nous avons commenté trois exemples distincts dans l’article. Ceci a t’il été fait à dessein ou est-ce le résultat involontaire d’un conditionnement social ? Difficile à dire à la lecture, donnons à l’auteure le bénéfice du doute… Si c’est volontaire, alors ceci peut-être considéré comme un bel exemple de « dissidence contrôlée » dans ce domaine particulier. ~ Résistance 71 ~

Cette date fait partie de l’histoire amérindienne : le 26 Mai 1637, une force anglaise puritaine renforcée par quelques alliés autochtones, a massacré un campement Péquot dans le Connecticut, tuant quelques 500 hommes, femmes et enfants, brûlant complètement leur village.

L’attaque juste avant l’aube sur le fort Mystique marqua la toute première défaite des Péquots, a éclairé Kevin McBride, professeur d’anthropologie de l’université du Connecticut et directeur de recherche au Mashantucket Pequot Museum and Research Center.

Le massacre marqua également un tournant dans la guerre des Péquots, une guerre de trois ans pour la conquête des terres traditionnelles de la nation, environ 400 km2 dans la partie sud-est de ce qui est aujourd’hui le Connecticut et le tout premier conflit important entre les colons et les Indiens natifs de la Nouvelle-Angleterre.

“Pendant les huit premiers mois de la guerre des Péquots, ceux-ci ne perdirent jamais une bataille contre les Anglais”, a dit McBride. “Les Péquots étaient tactiquement bien supérieurs et ce même sans armes à feu. Les Anglais n’arrivaient pas à les comprendre. Jusqu’au massacre de Mystique, les Péquots avaient gagné chaque engagement.”

Le sud-est du Connecticut fut la terre originelle de quelques 8 000 Péquots résidant dans 15 à 20 villages. En réponse à l’arrivée des Hollandais en 1611, la nation Péquot créa une confédération de douzaines de tribus afin de contrôler le commerce des fourrures et renforcer leur pouvoir politique et économique (NdT : cette remarque de l’auteure est typiquement ethno-eurocentrique dans la mesure où les nations amérindiennes n’avaient cure du “pouvoir” qui était dilué dans le peuple et était exercé collectivement dans des sociétés à la chefferie sans pouvoir. Si l’échange était pratiqué, ces sociétés refusaient le concept de “surplus” et refusait toute base “économique” à leur société, non pas parce qu’ils ne “savaient pas”, mais parce qu’ils ne le voulaient pas… nuance… l’arrivée des colons génocidaires blancs changea la donne pour ces sociétés contre l’État, pour reprendre l’expression de l’anthropologue politique Pierre Clastres. Nous nous devions de faire ici cette note qui s’imposait à notre sens pour mieux comprendre l’affaire et son narratif…).

Jusqu’à l’arrivée des Anglais dans les années 1630, les Hollandais et les Péquots contrôlaient le commerce des fourrures de la région. Avec l’addition des colons et commerçants anglais, un déséquilibre se créa. La guerre des Péquots éclata lorsque des nations sous la subjuguation des Péquots s’allièrent avec les Anglais. (NdT : Là encore, l’auteure entre en contradiction avec elle-même avec cette déclaration qui impliquerait que les Péquots coercitivement “subjuguèrent”, dominèrent les autres nations autochtones voisines dans une “alliance” donc forcée, alors qu’elle vient juste de dire qu’ils formèrent une confédération, qui par définition est une association LIBRE et non coercitive de quelque manière que ce soit. Personne ne peut être forcé contre son gré dans une véritable confédération…)

Les affaires se compliquèrent lorsque les Péquots tuèrent plusieurs colons et commerçants anglais, a dit McBride. Les Anglais demandèrent que les meurtriers leur soient livrés, la guerre commença lorsque les Péquots refusèrent.

McBride a appelé les Péquots une “société complexe” et la guerre des Péquots est un des évènements le plus controversé et significatif de l’histoire coloniale. L’attaque sur le fort Mystique, qui fut le premier de trois massacres qui se produisirent durant la guerre, changea la façon dont les forces autochtones regardèrent la technique de la guerre (contre les colons).

Le massacre, mené par le capitaine anglais John Mason, fut la première utilisation documentée de “guerre totale” contre les Amérindiens, à savoir que les Anglais massacrèrent tous les Péquots avec lesquels ils vinrent en contact, ne faisant plus aucune distinction entre des hommes armés et des femmes, enfants et personnes âgées sans défense.

“Par quelque standard qu’on étudie l’affaire, ce fut un massacre”, a dit McBride. “Les Anglais y allèrent avec l’intention de tuer tout le monde là-bas, mais ils ne le firent pas pour voler la terre ou pour contrôler le commerce. Ils le firent par peur que les Péquots et leurs alliés natifs n’attaquent les colonies anglaises de toute la région.”

Justifiant sa conduite, la capitaine Mason décara que l’attaque fut un acte de dieu, il écrivit dans sa Brief History of the Pequot War, publiée à titre posthume en 1736:

“Dieu se moqua de ses ennemis et des ennemis de son Peuple et engouffra les Péquots dans une fournaise… Ainsi fut le jugement de dieu parmi les païens, emplissant Mystique de cadavres…”

Le massacre se produisit environ deux heures avant l’aube lorsque 70 soldats anglais et 250 alliés attaquèrent le fort, dit Laurie Lamarre, chercheur au Mashantucket Pequot Museum and Research Center. L’attaque fut inattendue à la fois dans le timing et sa technique, dit-elle.

“C’était le type de guerre anglais et ce fut complètement différent de tout ce qu’ils avaient expérimenté auparavant”, dit-elle. “Les Péquots, la nation a plus forte de la zone, étaient vaincus”.

Mais les Péquots ne furent pas vaincus sans combattre, dit McBride. Les Anglais perdirent environ 50% de leurs hommes au début de la bataille et ne brûlèrent le fort que lorsqu’ils réalisèrent qu’ils perdaient la bataille.

“Le terme massacre prend la connotation de gens sans défense. Ce que les historiens ne réalisent pas, c’est que les Anglais faillirent perdre cette bataille malgré tout. S’ils n’avaient pas brûlé le camp et coincé les Péquots dans les bâtiments, ils auraient perdu cette bataille.”

Les guerriers Péquots, furieux, se lancèrent aussi à la poursuite des Anglais sur 7 ou 8 km durant leur retraite, dit McBride ; mais le campement était dévasté et le massacre marqua un grand tournant dans l’histoire des Péquots et dans l’histoire native.

“Le massacre eut des implications importantes”, explique McBride, “Ce que firent les Anglais envoya un message très fort en pays Indien: nous avons la volonté politique et les moyens militaires pour forcer notre volonté sur vous, Après la guerre des Péquots, commence la politique d’assimilation. Après cette guerre, il n’y eut plus de tentative de diplomatie: les relations avec les Indiens furent fondées sur la menace militaire.

Dans les mois qui suivirent, les Anglais massacrèrent deux autres villages Péquots, les 5 juin et 28 juillet. La plupart des Péquots qui survécurent furent vendus comme esclaves ou s’échappèrent pour rejoindre d’autres nations du sud de la Nouvelle-Angleterre.

Mais les Péquots revinrent et une fois de plus sont redevenus une des nations les plus importantes en Amérique du Nord. Dans les années 1970, plus de 300 ans après la guerre des Péquots, les membres de la nation commencèrent à revenir dans la zone d’origine et à restaurer leur terre et communauté.

Au début des années 1980, la nation reçut une reconnaissance fédérale et peu de temps après lança la première phase du Foxwoods Resort Casino, le second plus grand casino du pays.

Note de Résistance 71 : Cette conclusion est pathétique et confirme une certaine connivence, affiliation de l’auteure avec le système fédéral colonial. En clair, elle explique, que malgré le passé, ils sont revenus… Ils ont reçu une “reconnaissance fédérale”, c’est à dire qu’ils existent comme toute nation autochtone, sous les auspices du gouvernement colonial fédéral américain (et canadien dans le cas du Canada…) dont ils sont soi-disant les pupilles, que leur “souveraineté” n’est reconnue que tant qu’elle se soumette au gouvernement et lois fédérales et que dans le fond… Bah ! tout çà est de l’historiette ancienne et que donc les Péquots et tout autre nation autochtone, doivent tourner la page et exister sous le joug fédéral en acceptant la “manne” des casinos accordée ; réduisant ainsi en une conclusion lapidaire le sort et la destinée des nations et peuples originels à n’être plus que des “sujets” soumis, profitant des casinos (et de la vente de cigarettes détaxées), gérés par la mafia des “conseils de tribus” inféodés au Bureau des Affaires Indiennes (BIA) et à la loi et politique fédérale sur les Indiens. Cette conclusion est somme toute insultante pour les Péquots et autres nations et peuples amérindiens.

Cet article est assez typique de l’ambivalence de bien des Amérindiens et des non-autochtones qui parfois se font portes-parole, ils assènent quelques coups au système, mais se gardent bien d’en faire trop… L’auteure prend en apparence une position rebelle, mais par son phrasé même, trahit son attitude du politiquement correct. Un cas d’école ! Est-ce volontaire ou le résultat d’un conditionnement social ? Donnons-lui le bénéfice du doute.

Tant que des gens remercieront Dieu pour la possibilité qu’il leur aura été donnée de tuer hommes, femmes, enfants et vieillards parce que non blanc et non chrétien et de s’approprier la terre rougie de ce sang où ils se tiennent debout aujourd’hui.

Parce que cela se fait depuis au moins l’année 1621 !

Rien ne sera possible.

RIEN !

 JBL1960

Vous pouvez consulter sur ce blog la page ; Faire tomber l’Empire dans laquelle j’explique comment la débaptisation en masse en récusation de la doctrine chrétienne de la découverte peut faire chuter l’Empire à la vitesse de la chute libre ► EFFONDRER LE COLONIALISME ► Maître-pilier de l’Empire pour un changement de paradigme politique & social ► Déterminer l’E.R.R.E.U.R. et comment la corriger ► PDF N° 38 DE 21 PAGES EFFONDRER LE COLONIALISME

MàJ le 22 novembre 2017 veille de Thanksgiving

L’illustration de ce billet est issue du billet de Jeussey de Sourcesûre Source Agoravox du mardi 21 novembre ► https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/jeudi-c-est-thanksgiving-day-aux-198901 – Tableau de Jean Léon Gérôme Ferris.

Depuis près de 2 ans et près de 1000 billets plus tard ; Dans la catégorie PEUPLES PREMIERS tous mes billets en lien avec les Natifs, Nations premières et peuples autochtones qui plus ou moins, tendent à se que plus personne ne commémore sa fierté d’avoir TUÉ l’indien ou l’aborigène pour sauver l’homme blanc et de surcroit chrétien…

Comme la Nation Mohawk nous a rappelée sa vision du Jour du Souvenir, correspondant au 11 novembre pour les Zuniens et les Européens

 

 

6 réflexions sur « Aux origines de Thanksgiving… »

  1. MEURTRE PAR DÉCRET Le crime du génocide dans les pensionnats pour Indiens au Canada de 1840 à 1996, PDF dernière version MàJ le 30/05/2017 ► https://jbl1960blog.files.wordpress.com/2016/06/meurtrepardecretversionpdfdu30052017.pdf

    Résistance71 a traduit partiellement, en français, mais de manière substantielle le Contre-rapport de la Commission Vérité & Réconciliation, publié par le Tribunal International pour les Disparus du Canada (TIDC) en conjonction avec des Commissions Citoyennes d’Enquête préalables le 1er mars 2016 à Toronto & Bruxelles, lien vers l’original en anglais de 400 pages ; http://murderbydecree.com/

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    1. Résistance au colonialisme : La procédure d’enquête sur la disparition de dizaines de milliers d’enfants des pensionnats pour Indiens se lance à Yankland…

      Enfin il semblerait qu’une procédure d’enquête prenne forme pour rechercher le crime génocidaire contre les enfants autochtones des nations originelles aux États-Unis, enfants qui furent, comme au Canada, arrachés à leurs familles et incarcérés dans des pensionnats gérés par le gouvernement fédéral et les églises. Des dizaines de milliers d’entre eux ont « disparu » entre 1820 et les années 1980.

      MEURTRE PAR DÉCRET dans les Pensionnats pour Indiens (USA) de 1820 à 1980

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